N°9 - Décembre 2000

ANFAS Contact : Nous continuons notre devoir de mémoire avec une page de l'histoire de la bataille de France et d'Angleterre en 1940.

 C.Auzépy-Thor-11 r. Chanez-75781 PARIS 16° 

Le mot du Président

Nous étions 200 à Istres, anciens, invités, épouses : " nous avons défoncé les portes ".
En votre nom, j'ai remercié le Col LARDET et l'équipe qui nous a " cornaqué ". Je souhaite que vous ayez ressenti comme moi l'impression d'avoir été reçu chez moi par ceux à qui j'avais confié la maison : tout était bien et à sa place . Et merci à vous tous d'avoir su prendre quelques heures pour nous rejoindre.
Au cours de cette rencontre, nous avons côtoyé des grands anciens, ceux de 44-45 en Angleterre ou en Italie et en Provence. Leur présence est agréable et, au moment de tourner la page du 20ème siècle vers le 21ème, leur message est à lire, à retenir et à transmettre.
Le colonel André LANSOY, pilote de chasse en 39-40 ( aujourd'hui 85 ans) nous a présenté le livre-testament de Pierre SALVA, décédé en 97 : " Le Temps des Cocardes ". Editions du Panthéon.

Jacques PENSEC


Nous avons reçu un courrier de J.M.TOWNSED, pilote de la RAF et Président de l'amicale de la RAF en France. Nous livrons à notre devoir de mémoire ce texte et ce poème qu'il a voulu nous confier après tant de temps.(L'auteur nous a transmis le texte avec la première partie en français et la deuxième en anglais : nous avons respecté son souhait).

La bataille d'Angleterre et de France 1940

Le 15 septembre 2000 était le 60ème anniversaire de la Bataille d'Angleterre. Inconnue par beaucoup, et oubliée par d'autres, c'est grâce à cette victoire aérienne que le monde libre a pu continuer la lutte pour la liberté.
Cette victoire n'était pas " le commencement de la fin, mais la fin du commencement ". En conséquence, avant d'évoquer " la fin du commencement " permettez-moi de vous parler " du commencement " c'est à dire la Bataille de France 1940 avec ses combats aériens souvent oubliés par nos chers historiens, mais

jamais par les aviateurs français, ou ceux de la R.A.F. qui y ont participé.
Nous avons perdu cette bataille, et pudiquement pendant de longues années nous n'avons pas osé en parler, car les pertes subies par la Luftwaffe ont considérablement aidé ceux de la R.A.F. par la suite.
Sachez par exemple que les archives allemandes indiquent qu'entre le 10 mai et le 30 juin 1940, la Luftwaffe a perdu 1401 appareils.
A la même époque, l'Armée de l'Air Française a perdu 935 avions et a perdu 35% du personnel engagé. Mais elle avait obtenu 850 victoires, dont 730 en combat aérien.
Le 10 mai 1940, à la fin de cette guerre éclair, la Royal Air Force avait perdu 959 appareils en France, dont 477 chasseurs. Néanmoins, elle a obtenu 485 victoires.
Le 17 juin, le Général d'Harcourt, inspecteur général de l'aviation de chasse, prit l'initiative d'envoyer en Afrique du Nord tous les groupes français dont le matériel permettait la traversée, et en même temps les derniers appareils britanniques commençaient de s'envoler pour l'Angleterre. Ainsi s'achevait pour les pilotes français et britanniques " Le commencement " et le prélude de la Bataille d'Angleterre.
Les Alliés ont perdu 1894 avions pour 1401 appareils allemands. Mais, beaucoup d'aéronefs ont été détruits au sol le 10 mai lors des attaques surprises de 70 aérodromes alliés. Mais ce qui est certain, à cause de la perte de 1401 avions, la Luftwaffe a du attendre six semaines pour compléter ses effectifs avant de lancer l'attaque contre les Iles Britanniques.
Après cette période, lentement mais sûrement la guerre a repris ses droits. D'abord par des attaques en force contre les convois dans la Manche, avant de bombarder massivement les bases aériennes de la R.A.F.. Malgré un nombre impressionnant de victoires obtenues par la R.A.F. la situation devenait critique. Les pilotes étaient très éprouvés, car les missions étaient nombreuses, et certains pilotes ont effectué jusqu'à six sorties dans la même journée.
The followings days the attacks continued on different objectives, London, RAF aerodromes, and shipping in the channel. On the 15 September, Goering in an attempt to end the conflict rapidly ordered the maximum possible full-scale operations to make simultaneously, with 

London as the major target. Despite a massive fighter protection, the British papers announced that 185 German planes had been shot down, for only 34 of the RAF.
A few days later, Hilter decided to abandon definitively his plans to invade of the Bristish Isle, and to only continue bombing towns by night. The Battle of Britain was over, but the "Blitz" was about to begin. "Ouf", it was a narrow victory, as the pilots were in a state on exhaustion. And thus ended the "End of the Beginning".
2949 RAF aircrew took part in the battle and one out of six died on operations. The Royal Air Force lost 934 aeroplanes, but claimed to have destroyed 1600 German machines. One in ten of the Battle of Britain pilots were foreigners : Americans, Belgium, French, Polish, and Tchecoslovac. We will always be grateful to these courageous men who came to help us in Britain, during the most difficult moment of the war, and at a time that the whole world believed our defeat imminent.
Certainly the "FEW" did not win the war, but thanks to them it was not lost. It made possible all that followed; the organisations of resistance in occupied Europe; The formation of the FREE ALLIED FORCES : French, Belgium, Dutch, Norwegian, and the Polish; The Desert Victoria; The Allied Landings in North Africa, with the rallying of the French Air Force; The Normandy landings; The Liberation of France, Belgium, Holland, and the Final Victory.

WE WILL REMEMBER THEM

La Gratitude

Vous avez donné vos vies pendant la guerre
J'étais à vos côtés, et je suis sincère,
Pour vous dire ma gratitude en quelques vers.
Vous m'avez donné le temps.

Le temps de voir mes enfants grandir,
De voir mes parents rendre leur dernier soupir,
Le temps de pleurer et de souvent rire.
Vous m'avez donné le temps.

Le temps de beaucoup travailler et même jouer,
De regarder avec plaisir le soleil se coucher,
De voir les fleurs au mois de mai pousser.
Vous m'avez donné le temps.

Maintenant la retraite a sonné depuis longtemps,
Je voudrais dire au monde très simplement,
Que je vous remercie éternellement,
De m'avoir donné le temps.


Ecrit par J. Michael TOWNSEND, l'an 2000, French Riviera Branch Chairman
Ravitaillement en vol mouvementé

Le 19 août 1964, à Mont de Marsan, j'effectue mon 9ème vol sur Mirage IV, et mon 4ème ravitaillement (les deux premiers n'ayant comporté que des contacts secs). Je chevauche le N°4 ; nos avions sont flambant neufs, comme les C135 et les procédures sont encore en phase de mise au point.
J'établis le contact sans problème, le toboggan (ravitaillement en légère descente) débute bien, pas de turbulences, du moins pour le moment.…Après 2 minutes de contact, l'empennage du ravitailleur disparaît violemment vers le haut et, avant que je puisse réagir, le tuyau souple se tend à 90° de l'entonnoir, ce qui interdit la déconnexion ; ma perche se plie et l'entonnoir rejoint son maître lorsque l'angle le lui permet. Tout s'est passé en une fraction de seconde, ma réduction des gaz retardée par l'effet de surprise, a peu ou pas joué. Il n'y a heureusement pas d'autres dégâts, tout fonctionne normalement, je n'ai plus qu'à rentrer après avoir averti la salle d'opérations de l'escadre. Il s'avérera que le copilote du C135 avait agi inconsidérément et sans aucun doigté, sur la molette du " pitch control " (commande manuelle à piquer ou à cabrer sur le pilote automatique).
Sur la base, ce magnifique avion, auréolé de secret, a toujours un grand succès de curiosité, d'autant plus qu'il ne sort pas très souvent de la ZTO (zone FAS), compte tenu de sa faible disponibilité. L'exemplaire à la pointe arrogante que je ramène au bercail, déchaîne l'admiration et les rires du personnel du PC base devant lequel je passe après avoir dégagé la piste.
Le programme de ce stage de transformation a comporté, avant mon lâcher sous la houlette de Pierre PLANES :
- 6 vols sur un Vautour A (monoplace) équipé d'une perche de ravitaillement (contacts dits secs uniquement)
- 5 vols sur Mirage IIIB du CEAM en double commande, initiation aux caractéristiques particulières des avions à aile delta, notamment à l'atterrissage.
Après 12 vols sur Mirage IV en juillet et août, je connaîtrais une traversée du désert de septembre à décembre avec seulement 14 vols, mais je garderais la main…en faisant pendant cette période 36 heures de Broussard, dont une bonne partie en " navette FAS " sur Bordeaux, sans compter les Fouga, Paris, Flamant et T33 (ces derniers arriveront en novembre, du moins dans mon carnet de vol). Je bouclerais ce semestre avec 178 heures de vol, dont 50 sur Mirage IV.
Epoque heureuse, consacrée à la prise en main d'un avion à la pointe de la technique, et où l'on pouvait " crevarder " (voler le plus possible) à loisir !!

Claude MICHEL
e.mail : CPMICHEL@wanadoo.fr

 

 

L'ANFAS vous recommande la lecture du livre de Pierre SALVA 
" Le temps des cocardes " Editions du Panthéon.