N°29 - Janvier 2004
L’équipe de rédaction : C.Auzépy-Thor
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Fin 1994, lorsque nous avons débuté la recherche d’adresses des anciens afin d’expédier le mailing pour la création de l’association, un général, ex-FAS, habitué du Bd Victor, nous avait transmis un fichier avec près de 8000 noms. En fonction de certains critères, dont le plus important était celui de la date de la dernière mise à jour, nous avions expédié près de 1500 courriers si j’ai bonne mémoire. Les FAS nous avaient avancé les timbres !! Jacques PENSEC. |
Le 14 janvier 1964, étaient créées par la volonté du Général de
Gaulle, les Forces Aériennes Stratégiques, cela moins de quatre ans après l’explosion de la première arme nucléaire à Reggane. Confiée au général Philippe Maurin, premier commandant des FAS, cette force est alors centrée sur le bombardier biréacteur supersonique Mirage IV que l’on doit à Marcel Dassault. Marquant l’entrée de la France dans le club très restreint des nations dotées de l’arme nucléaire, regroupant alors les Etats-Unis, le Royaume Uni et l’URSS, la première alerte nucléaire stratégique est effectuée en octobre de la même année avec deux Mirage IVA équipés de la bombe AN 11 de 40 kilotonnes. Durant ces années 60, tout s’opère alors sous un suivi attentif et énergique du général de Gaulle, Président de la République et chef des armées. La montée en puissance des FAS se traduit par la mise en ligne d’une soixantaine de Mirage IV répartis sur neuf bases, première étape de la constitution d’une force de frappe. |
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Toutes ont un point commun : pouvoir être tiré à Mach 2. A partir de 1986 le missile ASMP entre en service au profit de 18 Mirage IV modifiés pour son emport. En 1972, les FAS prennent en charge la constitution d’un site de 18 missiles sol-sol, le premier Groupement de Missiles Stratégiques, sur la Base Aérienne 200 de Saint-Christol, plus connu sous le nom générique de Plateau d’Albion. Le 8 novembre 1989, le mur de Berlin tombe, c’est la fin d’une époque, celle de la guerre froide. Pour les FAS, les années 90 représentent alors une décennie de déflation très significative des moyens : démantèlement du plateau d’Albion, dissolution du CIFAS et du Groupe Aérien Astarte et retrait du service des 15 derniers Mirage IVP armés du missile ASMP. Mais les FAS survivent à l’évolution de l’environnement international, alors que l’on aurait pu imaginer, la fusion de cette composante dans la Force Aérienne de Combat, à l’image du mouvement entrepris aux Etats-Unis et au Royaume Uni. Au regard des nouveaux besoins de la défense de la France dans le contexte post guerre froide, les FAS apportent leur compétences dans des missions conventionnelles, complémentaires de leur mission principale qui reste la dissuasion. A ce jour, commandées depuis un PC enterré à Taverny, les FAS sont composées de trois escadrons de Mirage 2000N, armés du missile ASMP, un escadron de ravitaillement en vol regroupant tous les C 135FR et les KC 135, un escadron spécialisé en reconnaissance stratégique constitué des derniers Mirage IV P et une unité d’entraînement, le CITAC. Mais outre la contribution à la dissuasion, à la stabilité et à la paix en Europe, l’autre mérite des FAS est d’avoir initié le développement de la guerre électronique moderne dans les forces armées françaises, cela dans tous les domaines d’action : le renseignement électromagnétique, l’autoprotection et le brouillage offensif. Élément moteur en la matière, le bureau GE des FAS a joué un rôle très important dans la mise au point des concepts et des moyens sous l’autorité éclairée de son premier chef, le Général Jean-Paul Siffre. Après 40 ans de service opérationnel, l’avenir des FAS se dessinent maintenant autour du missile ASMP-A qui doit équiper à partir de 2008 les Mirage 2000N et les Rafale au Standard F3. Apportant une flexibilité à notre posture nucléaire, les FAS constituent 40 ans après leur création la seule force nucléaire pilotée des nations d’Europe. Ce 14 janvier 1964, il y a 40 ans, selon la volonté affirmée du Général de Gaulle, la France, séparée peu avant de son vaste empire colonial, affaiblie par la guerre et l’occupation, hexagone modeste au centre de l’Europe, retrouvait avec cet attribut opérationnel de la puissance, une véritable capacité d’influence et de prise de position dans les affaires du monde, bref son rang.
Philippe Wodka-Gallien
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propagande de l’époque, relayés par les journalistes friands de sensations guerrières, firent de quelques chasseurs de véritables stars : Fonck, Nungesser – la sentinelle de Verdun -, Védrines, et bien sûr Guynemer. Longtemps confrontée à la difficulté de conquérir son autonomie (c’était toujours d’actualité en 1945!), l’Armée de l’air a privilégié, peut-être inconsciemment, la confrontation purement aérienne, la chasse ; on reste entre soi ! Cette primauté s’applique d’ailleurs aux plus hauts niveaux de commandement : les grands chefs sont tous des chasseurs aux yeux bleus (mieux encore, des chasseurs «intelligents»), et d’ailleurs, c’est bien connu, il n’y a pas de bombardiers, mais seulement des mauvais. Laissons là ces vielles querelles qui, de nos jours, ne sont plus que folkloriques ; il n’empêche que l’ «équipage», s’il a inspiré de superbes œuvres littéraires, de Saint-Exupéry à Kessel, n’est cependant pas porteur de célébrité ; pas de pilote vedette, pas de victoires, homologuées, soigneusement comptabilisées, mais en cette fin de la 2ème guerre mondiale des missions de nuit de tous les dangers, par vagues anonymes, des milliers de tonnes de bombes larguées, et des dizaines d’avions disparus, abattus par la chasse de nuit, explosés sous les coups de la flak. Nous publions la photo de l’un de ces équipages d’Halifax : leur appareil touché de plein fouet par la flak, littéralement éclaté, six des sept membres de cet équipage disparaissent ; seul, le capitaine Stanilas, navigateur commandant d’avion, se retrouve indemne sous son parachute : le Général qu’il devint ensuite ignorait totalement par quel miracle il eut ainsi la vie sauve. Sir Winston Churchill, après avoir rendu l’hommage que l’on sait aux pilotes de chasse vainqueurs de la bataille d’Angleterre, aura su anticiper l’histoire : «les chasseurs nous ont sauvés, mais ce sont les bombardiers qui nous donneront la victoire». Colonel SALVIGNIEN
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