N°14 - DÉCEMBRE 2001

ANFAS-BRP/FAS-BA 921-95155 TAVERNY

L'équipe de rédaction                                          C.Auzépy-Thor-11 r. Chanez-75781 PARIS 16° 

Le mot du Président

Lu dernièrement dans la presse :
- Des Mirage français à Abu-Dhabi. Les deux Mirage IV P d’observation et les deux ravitailleurs de l’armée de l’air française, engagés dans l’opération Liberté immuable en Afghanistan, opèrent à partir des Émirats arabes unis. ( Ouest-France du 14 nov.2001).
- Ventes sur appel d’offres par soumission cachetées vendredi 30 novembre 2001 à Paris. Pièces de rechange neuves d’avion Mirage IV A, lot unique, provenant de l’Armée de l’Air ( DGA ), stockées au DAMA de Nevers. ( Air et Cosmos du 2 nov.2001, transmis par notre ami Hubert Gossot de St-Aubin-du-Médoc ).
- Et dans la page carnet de la revue Mutuelle Air Information : Rufas Michel, ( col.) 30/01/1937 – 19/07/2001. La Boiserie, Le Perrier 24200 Sarlat-la-Canéda.
La vie tourne nos pages et il nous reste la mémoire.
Pour ceux qui ont de la mémoire : nous étions environ soixante dix à notre rendez-vous de la Villette le 6 octobre. Autour du Mirage IV n°45, nous avons cultivé le passé et le présent. C’est avec beaucoup de plaisir que nous avons tourné autour de l’avion, présenté sur un piédestal, à la grande foule des visiteurs et écoliers de cette Cité du Savoir et de la Connaissance. 
Méthode à suivre pour ceux qui ne veulent plus de mémoire : 
- ne pas participer à l’Anfas,
- ne transmettre à personne sa nouvelle adresse,
- éviter toutes relations avec amis, amicales, écoles ou anciennes associations,
-penser qu’enfants et petits-enfants suffit à encadrer sa vieillesse future,
- se contenter de lire la page carnet de la mutuelle pour se souvenir,
- autres………..
En fin d’année de cette première page du siècle 21, l’équipe du conseil d’administration de l’ANFAS et son président souhaitent avoir rempli le programme 2001 dans l’esprit de votre mémoire et du respect de nos traditions FAS. 
Ils transmettent à tous ceux qui liront cet « Anfas contact n° 14 », à ceux qui sont dans les unités, aux membres de notre association, leurs vœux aéronautiques de bonne année pour 2002. 

Allocution du samedi 6 octobre 2001 à la Cité des Sciences et de l’Industrie

Il y a longtemps que je voulais, en parfait accord avec les membres du conseil d’administration associés à l’organisation de cette journée, nous réunir autour de ce Mirage IV, en ce lieu où s’exposent le monde des sciences et celui de l’industrie.
Extrait de son milieu naturel, de son environnement militaire, ce Mirage IV N° 45 a trouvé naturellement sa place à ce premier étage de la Cité en 1995. C’est une équipe du Germas de Bordeaux-Mérignac, sous les ordres de l’Adc MOULIN qui a effectué son installation. Leurs noms sont inscrits sous la carlingue.
Le Mirage IV N° 45 est connu sur le plan international sous l’indicatif FTHBR. Il a effectué 6300 heures de vol et 2975 décollages et atterrissages en emportant dans ses cabines 2975 pilotes et navigateurs-bombardiers ; tout cela grâce à 95.000 heures de maintenance effectuées par nos fidèles équipes de mécanos.
Quel visiteur, ayant parcouru les allées, les étages de ce temple de la connaissance, ne gardera pas dans sa mémoire la silhouette imposante et élancée de ce magnifique avion.
Et quelles raisons ont conduit les responsables de la Cité à présenter l’avion supersonique nucléaire français au grand public ? Je n’ai pas cherché leurs réponses, mais il est exact que :
· sur le plan technique, notre avion représentait, dans le début des années 60, une aventure technologique pour l’industrie de notre pays. Sa réussite a été extrapolée par la suite vers d’autres réalisations aéronautiques.
· sur le plan militaire, nous savons tous depuis un peu plus de 10 ans – 1989 pour ceux qui n’ont pas de mémoire - qu’il a rempli la mission qui lui était confiée. Cette mission a exigé du personnel de l’Armée de l’Air – nous en étions – une adaptation très importante qui a placé ce personnel, et avec un délai court, devant des exigences techniques nouvelles : refaire les terrains pour les C 135 et les infrastructures pour la prise d’alerte H24 et pour un décollage en moins de 15 minutes, se déployer sur des bases nouvelles , mettre au point et apprendre la sécurité nucléaire et vivre quotidiennement dans cette ambiance. J’en oublie volontairement.
En 1964, exactement le 8 octobre, le Cdt Caubel, pilote et le Ltt Caubert, navigateur-bombardier, prenaient la première alerte à 15 minutes. Depuis cette date, des équipages FAS tiennent toujours l’alerte mais aujourd’hui avec un délai de réaction plus calme.



Enfin, si nous considérons l’aspect politique, les FAS étaient une liaison directe avec la guerre froide. C’était une arme diplomatique qui a été remarquablement bien servi par deux éléments :
· des chefs politiques à la hauteur des difficultés de l’époque, rappelez-vous, le Général de Gaulle, Kennedy, Khrouchtchev, Adenauer,
· des chefs FAS à forte personnalité et grande expérience et un personnel FAS très professionnel.
Ces brèves réflexions ne suffiraient-elles pas à expliquer et justifier la présence du Mirage IV N° 45 dans cette enceinte. Chaque visiteur venant dans cet espace de la Cité peut ressentir évidemment ce qui lui convient. 
En résumé et sous une formulation plus directe et plus globale nous pouvons dire que notre pays, démocratique, montre qu’il a les moyens de sa défense et la présence de cet avion est une opération d’éducation civique.
Comme vous pouvez le constater, notre avion est ici entre bonnes mains. Il a atteint le ciel du paradis des avions. Et il nous dit, ce grand sage qui a volé haut et vite : 50 000 feet et mach 2 sans prendre une ride, qu’il est très heureux d’avoir joué avec nous pendant plus de 25 ans et d’avoir participé à l’effort de tous pour maintenir notre pays en dehors de tous conflits.
Depuis sa plate-forme de la Cité, il nous dit de transmettre ce message de paix autour de nous et plus particulièrement vers la génération des 20 – 35 ans. C’était l’âge de beaucoup d’entre-nous il y a 35 ans lorsque notre N°45 a fait son premier vol le 6 mai 1966. 
Je tiens, en votre nom à tous, à remercier Mme Nicole Pot, directrice générale de la Cité des Sciences et de l’Industrie de nous avoir permis de nous retrouver à la Cité, Mr Pierre Saliot qui nous a encadrés pour la préparation de cette journée ainsi que le personnel de la Cité qui nous accueille.
Je n’oublie pas le général Jean-Paul Siffre qui a trouvé la clef de la cité pour nous l’ouvrir gratuitement. 
Jacques PENSEC

 

Toute l’équipe de l’ANFAS
vous souhaite
de bonnes et heureuses fêtes
et vous présente
ses vœux les meilleurs pour
2002.

ENOLA GAY

Au début des années 80, à l’époque où se terminait pour moi mon affectation dans les FAS, mes enfants écoutaient souvent un « tub » américain dont les seulesparoles compréhensibles étaient « Enola Gay ». Ils ignoraient qu’avant de partir pour réaliser le premier bombardement nucléaire, le pilote baptisa son bombardier du nom de sa mère « Enola Gay » et que cette mission sur Hiroshima, suivie quelques jours plus tard par celle sur Nagasaki, a entraîné la capitulation du Japon et la fin de la 2ème Guerre Mondiale.
J’ai pensé qu’il était souhaitable de donner des paroles françaises à cette chanson afin que mes enfants puissent imaginer pourquoi le travail de leur père était important pour la Paix. J’ai donc écrit un texte en essayant de respecter la musique de la chanson.

Enola Gay, nom donné à un bombardier,
Par un enfant, en hommage pour sa Maman.
Femme d’acier, tu as été armée chevalier,
Raconte-moi, qu’as-tu fait à Hiroshima ?

« Vol du faucon, qui un jour a porté mon nom.
Vies s’éveillant sur l’Empire du Soleil levant.
Dans le ciel bleu, j’étais seule au-dessus d’eux,
Pas d’artillerie, pas de chasseurs sonnant l’hallali.
Dans mon viseur s’égrenait le dernier quart d’heure.
Au « bombe larguée » rien ne pouvait plus m’arrêter.
Flash aveuglant, boule de feu, rayonnements,
Sol vitrifié, vent d’ouragan et retombées.
Ombres de vies, détruites, saisies, englouties.
Gros champignon, qui supplante tous les canons.
Irradiation, destruction, extermination,
Milliers d’humains, condamnés, torturés, broyés.
Scène d’enfer, qui en deux coups gagne la guerre. »


Enola Gay, c’est toi qui as enfanté la Paix,
Sèche tes pleurs, demain sera un jour meilleur.
Sois remerciée, pour les vies que tu as sauvées.
Protège-nous, de la guerre qui nous rend fous.


Nota : en 1994, j’ai découvert les paroles originales en anglais. Leur inspiration est assez différente de la mienne. Mais l’essentiel à mes yeux est de ne pas oublier « Enola Gay » et son équipage qui, d’une certaine manière, sont à l’origine de l’ANFAS.

Jean-Paul SIFFRE