N°12 - Mai 2001

ANFAS-BRP/FAS-BA 921-95155 TAVERNY

L'équipe de rédaction                                          C.Auzépy-Thor-11 r. Chanez-75781 PARIS 16° 

Le mot du Président

Préparer une assemblée générale, expédier les 537 courriers aux adhérents ANFAS, parmi lesquels un " nombre certain " qui n'est pas à jour de cotisation, ce qui nous laisse de ce fait dans le doute du bon emploi de notre timbre PTT, plus les 137 courriers aux anciens, très anciens de l'Amicale des B26 Marauders, cela occupe son président pendant quelques jours….. D'accord, ce n'est pas l'exercice " banco max "!
Pourtant, je peux vous assurer que les xxx réponses que vous me renvoyez me font bougrement oublier ces jours de labeur. Beaucoup me font passer un petit mot sympa; me demandent, par exemple, des nouvelles du " palpitant " de leur copain " d'avant ", de ne pas oublier de saluer les présents à l'AGO, de transmettre son meilleur souvenir à P… M…. qui était avec lui à Avord en telle année.
D'autres me donnent rapidement les raisons de l'impossibilité de venir à Avord. Et la fille d'un ancien, décédé l'année dernière, qui me demande de ne pas oublier de lui transmettre l'Anfas contact pour garder un lien avec l'Armée de l'Air de son père.
Je reçois par ces courriers des petites tranches de la vie de nos adhérents. Je ne peux pas vous les faire partager : je voulais que vous le sachiez. Une préparation d'AGO, c'est cela aussi. Inutile de vous dire qu'en 1995, lorsque nous avions démarré l'association et que vous m'aviez confié la présidence, je n'avais pas spécialement envisagé ce côté des contacts humains. Nous avions, en esprit, le plaisir de nous retrouver et de faire quelques petites choses ensemble.
Alors je pense que nous sommes tous obligés de continuer. Par vos courriers, par vos demandes, il me semble que l'Anfas a dépassé un certain seuil et que nous avons l'obligation de la faire vivre dans sa réalité quotidienne avec des centaines de courriers pour les AGO comme pour Avord et d'autres centaines pour des rendez-vous comme celui de la Villette en octobre. Chacun viendra prendre dans ces contacts ce dont il a besoin mais ceux qui ne se déplaceront pas, pour mille raisons, sauront que l'ANFAS est présente et sentiront, vos courriers me le disent, le signe d'amitié qui amène un sourire.
Et je n'oublie pas l'Anfas contact, dont les articles racontent la vie quotidienne, cette vie conservée en vos mémoires.

 Jacques PENSEC

Présentation des FAS.

Extraits d'un discours prononcé en juillet 2000.


Le propos est de situer les FAS dans le cadre général politique et militaire, d'en préciser les caractéristiques essentielles quant aux missions, à l'organisation et à l'environnement particulier de la mise en œuvre d'armes nucléaires.

Le cadre général

Sur notre doctrine il paraît clair que la France, malgré son poids relatif somme toute modeste, a pu et peut faire entendre sa voix et être reconnue comme une puissance dans le concert des nations parce qu'elle dispose de l'autonomie stratégique que lui confère la dissuasion nucléaire.

La fonction première de l'arme nucléaire, dissuader un éventuel agresseur, demeure le pilier de notre stratégie de défense dans un monde où les menaces précises s'estompent pour laisser la place à des incertitudes qui pèsent sur notre environnement et sur l'évolution des risques.
Dans ce contexte, le concept Français continue et continuera de se définir par la volonté et la capacité de faire redouter à un adversaire, quel qu'il soit et quels que soient ses moyens, des dommages inacceptables, hors de proportion avec l'enjeu d'un conflit, s'il cherchait à s'en prendre à nos intérêts vitaux. Ce concept de dissuasion, tous azimuts (tout agresseur) et uni fonctionnel (défense des seuls intérêts vitaux) prend désormais sa pleine valeur.

Deuxième élément de base : les menaces. Aucune menace précise aujourd'hui ne pèse sur nos intérêts vitaux, mais la rapidité de l'évolution du contexte stratégique incite à la prudence. Dans ce cadre, il est naturel que la France poursuive sa réflexion stratégique pour adapter en permanence sa doctrine et ses moyens à l'évolution des menaces potentielles. Par rapport à la guerre froide, ce nouvel état du monde nous permet simplement d'ajuster le niveau de suffisance et d'alléger les délais d'alerte et de réaction qui auparavant s'exprimaient en minutes et qui maintenant s'expriment en jours.

Le troisième élément de base qui fonde notre concept de dissuasion est le principe de suffisance associé à celui de crédibilité. La notion de suffisance concerne le volume, la qualité et la complémentarité des moyens qui sont déterminés par les dommages souhaités, l'efficacité de la défense adverse et par la vulnérabilité de nos propres moyens. La crédibilité quant à elle dépend de la perception par l'adversaire de notre volonté politique, de notre efficacité opérationnelle et de nos capacités techniques.


En fonction de ces éléments la structure de nos forces nucléaires a été redéfinie début 1996 par le Président de la République dans le strict respect des principes de suffisance et de crédibilité. Elle repose désormais sur deux composantes complémentaires : d'une part une composante océanique apte à assurer la permanence de la dissuasion et à infliger, le cas échéant, des dommages inacceptables à une puissance majeure, d'autre part une composante aéroportée, bâtie autour de missiles aérobies, conférant à notre dispositif de dissuasion adaptabilité, visibilité et diversification des modes de pénétration.


La composante aéroportée

Historiquement, c'est la première à avoir pris l'alerte en 1964 avec le MIRAGE IVA et son arme à gravitation l'AN 11 puis 22. Aujourd'hui cette composante est constituée des missiles ASMP (vecteur à statoréacteur armé d'une tête nucléaire TN 81) mis en œuvre sur Mirage 2000N, au sein de l'Armée de l'air et sur Super Etendard au sein de l'aéronautique Navale. 

Le couple MIRAGE2000N/ASMP est mis en œuvre dans un environnement opérationnel spécifique constitué de ravitailleurs en vol qui lui confère la dimension stratégique, d'infrastructure adaptée permettant d'abriter et de stocker en toute sécurité avions et missiles et de transmissions dédiées, fiables, sûres et redondantes. En matière de complémentarité les apports spécifiques de la composante aéroportée sont :
- Des modes de pénétration diversifiés permettant de mieux garantir la crédibilité de notre dissuasion et se prémunir d'évolutions pouvant affecter la capacité de pénétration des missiles balistiques.
- L'adaptabilité requise face à l'émergence de nouvelles menaces en diversifiant les options offertes aux autorités politiques.
- Des manœuvres dissuasives reposant sur la visibilité, la démonstrativité, la mobilité et le déploiement en toute souveraineté.
- Des coûts d'acquisition et d'entretien réduits compte tenu du recours à des porteurs non spécifiques présentant une double capacité conventionnelle et nucléaire.
- Enfin, la composante Air contribue à la crédibilité du concept de dissuasion en "marquant" le territoire national. En effet une puissance adverse, tentée par une frappe préventive sur notre dispositif, serait contrainte de dévoiler ses intentions et de signer sans ambiguïté son agression en s'attaquant aux intérêts vitaux de la France. 

L'organisation.

 Pour être en mesure d'assurer ses responsabilités, le Général FAS doit :
- Connaître en permanence l'état des moyens,
- Être en mesure de retransmettre les ordres d'engagements dans les plus courts délais,
Tout cela nécessite une organisation opérationnelle centralisée, permettant au chef le "pilotage" en temps réel des unités placées sous ses ordres. La cheville ouvrière de cette organisation opérationnelle est le COFAS. Pour le moyen et le long terme, le CFAS dispose comme tous les Commandements organiques de l'Armée de l'air :

  • D'un État-major,
  • D'une Direction technique,
  • De Conseillers santé et Commissariat.

 Les moyens aériens.

 Les moyens aériens sont composés des escadrons de combat, de ravitaillement en vol, de reconnaissance stratégique et du Groupe aérien ASTARTÉ. Les Mirage 2000N sont répartis au sein de trois escadrons dotés chacun de 20 appareils. Ils emportent le missile ASMP muni d'une tête nucléaire (TN81). Cet armement, après largage, se dirige vers son objectif de façon autonome soit à haute altitude à la vitesse de Mach 3, soit à très basse altitude à la vitesse de Mach 2, grâce à sa centrale inertielle et son statoréacteur. Chaque escadron dispose d'un ou plusieurs DAMS positionnés sur les 5 bases à vocation nucléaire.

Notre flotte de ravitailleurs compte 11 C135FR issus de la dotation initiale auxquels il faut ajouter 3 KC135 achetés d'occasion en 1995 et dont le premier à été livré en 1997. Les C135FR et KC135 sont regroupés au sein d'un seul escadron. Mis en service en 1964 les C135FR ont été régulièrement modernisés. Ils sont équipés en bout d'ailes de nacelles permettant le ravitaillement.
Les MIRAGE IVP restant ne participent plus à l'alerte nucléaire depuis l'été 1996, mais ils ont gardé ce qui était jusqu'alors leur activité complémentaire, la reconnaissance stratégique. Cet avion modernisé est capable de prendre des clichés dans le visible et l'infrarouge à basse ou haute altitude, à vitesse subsonique ou supersonique grâce à un conteneur technique (CT52) situé en lieu et place de l'ASMP. Le MIRAGE IVP, dont les FAS gardent 8 exemplaires en état de vol, permet sans escale et à partir du territoire national ou d'un terrain de déploiement de ramener à l'autorité politique ou militaire des informations d'ordre stratégique. Il a été utilisé régulièrement au-dessus de la Bosnie depuis 1994, en surveillance de l'IRAK depuis 1998 et durant la crise du Kosovo ; il est également sollicité ponctuellement par la DRM. Il est considéré comme un complément utile au satellite. Les MIRAGE IVP doivent rester en service jusqu'en 2005.
Les FAS ont également la responsabilité d'une unité de transmission spécialisée, le Groupe Aérien ASTARTE (Avion STAtion Relais de Transmissions Exceptionnelles). Il comprend 4 avions C160 Transall spécialement équipés dont la mission consiste à retransmettre vers les SNLE en VLF et les avions en HF les ordres exceptionnels émis par les Hautes Autorités Gouvernementales. Placée sous le commandement opérationnel des FAS cette unité a une organisation originale puisque les avions sont entretenus et mis en œuvre par un escadron de la FAP (01.059 BIGORRE) et la mission spécifique de transmission est assurée par une escadrille de la Marine Nationale. Le Groupe ASTARTÉ a tenu une alerte en vol permanente pendant 10 jours, démontrant ainsi la capacité des Forces Nucléaires à recevoir l'engagement en cas de défaillance partielle ou totale des réseaux spécialisés d'infrastructure. 

Le personnel 

Quantitativement c'est 2254 militaires soit environ 2,7% de l'Armée de l'air. 

L'avenir 

Compte tenu du contexte stratégique et des orientations politiques évoqués précédemment des études ont été lancées visant à dégager les grands axes d'évolution nécessaire pour pérenniser la composante nucléaire aéroportée.
Le choix du successeur de l'ASMP a été arrêté à l'été 1995 au cours des travaux du comité stratégique. Il est consécutif à des études amonts démarrées dix ans auparavant et débouchant sur l'ASMP-A.
La pérennité de la composante aéroportée dépend de plusieurs paramètres liés à la durée de vie des missiles (têtes et vecteurs) et des porteurs (Mirage 2000N et Super Étendard). S'agissant du missile ASMP, les études montrent qu'en fonction de l'échelonnement de leur fabrication il faudra les retirer du service progressivement au cours de la deuxième moitié de cette décennie. Quant aux porteurs actuels, les Mirage 2000N et les Super Étendard, ils arriveront en limite de vie respectivement en 2017 et 2010.
Les performances du Rafale et le plan d'équipement de l'Armée de l'air avec cet appareil le conduisent à être le porteur du futur missile ASMP-A. Avec les hypothèses actuelles sur le calendrier du programme Rafale le premier escadron de Rafale apte à la mission nucléaire (standard F3) pourrait être mis en service opérationnel au plus tôt en 2008. 

L'équipe de rédaction.