N°44 - mai 2006

L’équipe de rédaction : C.Auzépy christian.auzepy@wanadoo.fr
Site anfas : http://anfas.free.fr

 

Le mot du Président

       D'après ses statuts, l'ANFAS a un devoir de mémoire envers ses grands anciens, ces « vieux maintenant », qui ont fait notre aviation de bombardement et cette armée de l'air dans laquelle nous avons travaillé et qui continue très bien sans nous.
       C'est également dans cet esprit de mémoire-souvenir que, lors des 40 ans des FAS à Mérignac, le président et le vice-président, le Gal BROUSSAUD, sont allés s'incliner devant les noms inscrits sur la plaque des morts en SAC sur Vautour, fixée aux murs du PC base. Il y avait les noms, les dates : c'était à nous de faire revivre les visages, les sourires, les accents, les allures.
       A Marsan, lors du « dernier vol du IV », nous avions pensé à ceux des MIRAGE IV et des C 135 F. Ils ont leurs noms inscrits dans la chapelle souterraine de Taverny, pas très loin de ceux de la DA.
       On peut également trouver leurs noms sur le site Internet de l'Anfas et ceux des Vautours aussi, au chapitre Escadrons de Bombardement puis CIFAS. Pour ceux qui ne pratiquent pas Internet - et vous êtes beaucoup, pas de complexe - je vous redonne ces noms, ces dates : à vous de repenser les visages.
       Beaucoup d'entre-nous mourront dans leur lit ou tout au moins dans un lit. Alors pensons fortement aux équipages qui ont disparu dans les méandres de la mémoire. Il y a des kilos de médailles de bravoure qui n'ont pas été attribuées car les équipages ne sont pas revenus pour les recevoir. Les promos des écoles de l'armée de l'air qui cherchent des « parrains à exemple à suivre », devraient fouiller dans les mémoires des équipages du bombardement.
       Et nous, les plus jeunes parmi les anciens des FAS, côtoyons avec respect et savourons avec plaisir nos plus anciens toujours présents à l'ANFAS.
 
                                                               Jacques Pensec

SSBS : La genèse.

       Le 4 août 1958, le Général CREPIN soumet à la signature de Pierre GUILLAUMAT, Ministre des Armées, une directive qui fixe prioritairement l’étude d’un engin sol-sol balistique stratégique à charge thermonucléaire.
       En 1959, la France décide de lancer un vaste programme afin de posséder ses propres missiles balistiques. Les industriels français essaient de s’inspirer au maximum des techniques américaines. Il en est ainsi pour le guidage par inertie. Pour les propergols solides, les moteurs des missiles Hauwk, produit sous licence en Europe, permettent d’aborder la technique des propergols composites.
       La SEREB (société d’études et de réalisations d’engins balistiques) propose en 1960 un « programme d’études balistiques de base ».
Très favorablement accueilli par les services officiels, il bénéficie d’un haut degré de priorité.
En avril 1960, le Général de GAULLE confirme la priorité de la Force de frappe et précise que toute coopération avec l’OTAN est exclue.
       Peut après, l’objectif est fixé : mise en œuvre pour 1968 d’un système d’armes sol-sol balistique stratégique (SSBS) d’une portée de 3.500Km avec une tête nucléaire Mégatonnique.
       Aucune autre étude d’engin balistique n’est retenue, le « programme d’étude balistique de base » revêt alors toute son importance. Il vise à obtenir les informations nécessaires à la mise au point des corps de rentrée et des systèmes propulsifs ; ceci par le biais de lancements de fusées expérimentales. Ainsi, jusqu’en 1966, ce sont environ cinquante lancements qui sont effectués ; une quarantaine d’entre eux sont des succès. Le 26 novembre 1965, le lanceur Diamant A met sur orbite le premier satellite français.


         Pour mettre au point les missiles balistiques, des centres d’essais sont nécessaires : celui d’Istres, le centre d‘achèvement et d’essais des propulseurs et engins de Saint-Médard-en-Jalles, le LRBA de Vernon pour les essais sur bans, Hammaguir et le centre d’essais des Landes pour les essais en vol.
       La France devient une puissance spatiale et ne va pas tarder à être capable de mettre en service une force s’appuyant sur des missiles stratégiques nucléaires.

Alors que les études de balistiques de base ont débuté, différentes réflexions sont menées en 1960 afin de définir la future force nucléaire stratégique : nombre et nature des composantes équipées de missiles, déploiement de la force terrestre, silos fixes ou systèmes mobiles et dans ce dernier cas quel type de mobilité, routes, voies ferrées ou péniches navigant sur rivières et canaux.
       Guidé par le choix américain du silo pour le missile sol-sol (Atlas, Titan, Minuteman), la France décide de retenir ce principe pour sa FNS.
       Par ailleurs, la définition du type de propulsion – liquide ou solide – soulève quelques discussions et querelles de spécialistes.
       Pour emporter une charge nucléaire de masse supérieure à 1.000 kilos il aurait fallu envisager, dans le cas de la propulsion solide, un missile d’environ 80 tonnes ! Ceci aurait entraîné des propulseurs imposants, mal aisés à réaliser, et des silos de grandes tailles.
       Ce poids aurait pu être réduit par l’utilisation d’un premier étage à propulsion liquide. On aurait ainsi obtenu un missile plus petit mais son emploi aurait été moins facile et très strict. De plus ; on aurait perdu en souplesse d’emploi, en facilité de stockage et sécurité de fonctionnement par rapport au propergol solide. L’apaisement gagne les experts, lorsque le CEA annonce au cours de l’année 1961 que la masse de la charge SSBS peut diminuer. L’utilisation des propergols solides devient possible. La définition des missiles peut commencer. En juillet 1961, le futur missile SSBS se profile, à savoir un engin d’environ 20 tonnes pour une portée d’environ 3.000 km et une charge inférieure à la tonne.
       Un Conseil de défense se tient le 23 février 1962 et entérine ces choix. Le 2 mai 1963, le Général de GAULLE fixe ce que devaient être les composantes des FNS : « une première génération à base de cinquante Mirage IV équipés de bombes au plutonium, une deuxième génération composée de sous-marins à propulsion nucléaire, armés d’engins à Uranium-Tritium. Entre ces deux générations 68-72 viendront s’intercaler 20 à 30 missiles sol-sol balistiques stratégiques à têtes au plutonium. L’Armée de l’air est chargée de mettre en œuvre deux de ces trois composantes ».
       Certains rapportent qu’après cette décision la force SSBS aurait pu être considérée comme transitoire. Lorsque cette question est soulevée, l’Amiral FLOHIC rappelle un propos tenu par le Général de GAULLE : « c’est très bien la force nucléaire des sous-marins, mais les Français sont un peuple de terriens. Quand ils sauront que leur sécurité repose sur des sous-marins, circulant quelque part sous les mers et qui peut être hypothétique, ils ne seront pas tranquilles. Il faut qu’ils aient le sentiment que leur sécurité repose sur le plateau d’Albion ».
       Ce Conseil de défense de 1963 lance de façon définitive le développement du premier programme SSBS.


                                                                              Extrait du livre d’Alexandre Paringaux : « Les sentinelles de la paix »

 

AUX EQUIPAGES DU BOMBARDEMENT TUES EN SERVICE AERIEN COMMANDE SUR VAUTOUR
 

Date

Grade - Nom

Date

Grade - Nom

 

 

 

 

7 août 1958

Ltt DUVIGNAC J.

12 juin 1966

Cne JEANNOT A.

20 avril 1961

Cdt CLAUSTRES J.

15 octobre 1966

Cne FRECHET M.

20 avril 1961

Ltt COVAREL M.

15 octobre 1966

Sgt BIENFAIT G.

15 juin 1961

Ltt GIN P.

29 avril 1974

Adj THOMASSET C.

13 juillet 1962

Ltt DEL JOUGLA

29 avril 1974

S/Ltt TUPIN A.

15 juillet 1962

Ltt GOURTAY J.

20 décembre 1976

Cne BELLOEIL J.C.

23 nov. 1962

Adj SABOURIN M.

20 décembre 1976

Cne SEGURA C.

23 nov. 1962

S/C MAYER P.

20 décembre 1976

Ltt CHALUMEAU S.

29 nov. 1962

Sgt RATIER G.

20 décembre 1976

Ltt MOUSSION J.

9 juillet 1963

S/Ltt RAMBURE J.F

 

 

Ne pas oublier également :

 

 

27 janvier 1964

Ltt ROUSSEL I.

29 avril 1963 sur Siebel (1)

Ltt MANICACCI  *

4 mars 1965

Lt-Col LARSABAL  A.

2 nov. 1963 sur Fouga  (1)

Ltt HARANT  *

(1) source Jacques HUGO. Avec le Ltt MANICACCI, disparaissaient 5 mécanos dont l'A/C CHARRIER, le S/C MAURER et le C/C ROUCOUX.

Pour ceux qui souhaiteraient approfondir leur savoir sur les hommes du Vautour B et N, Jacques HUGO et la rédaction leur rappellent le livre d'Alain CROISNIER, « SO 4050 VAUTOUR », éditions le LA PRESSE 29 rue Paul Bert 62230 OUTREAU. Tel : 03 21 33 88 96 ( tirage épuisé ).

* rajoutés à la plaque commémorative de Bordeaux

120 000  heures de VAUTOUR B au 25 septembre 1971