N°43 - mars 2006

L’équipe de rédaction : C.Auzépy christian.auzepy@wanadoo.fr
Site anfas : http://anfas.free.fr

 

Le mot du Président

        Le conseil d'administration, le bureau et le président ont sabré le champagne à Taverny pour les 10 ans de l'ANFAS. Ils en ont profité pour offrir au Gal JARRY et au Gal PARMENTIER, le recueil regroupant les bulletins de liaison de l'Amicale des Anciens des B 26 MARAUDERS. Le CFAS possède désormais dans sa bibliothèque :
- la cassette « Les ailes de la Paix » production ANFAS-COPSIS,
- les différents DVD, sortis à l'occasion du « Dernier vol du IV »,
- les bouquins de Paringaux : « Le règne du MIRAGE IV » et les « FAS »,
- le bel ouvrage d'Hervé Beaumont :
« MIRAGE IV, le bombardier stratégique »,
- « Les sentinelles de la Paix » sur le Plateau d'ALBION et les SSBS,
- des extraits des bulletins de 1989 à janvier 2000 de l'AA B 26 MARAUDERS,
- « Les Groupes Français de Bombardement Lourd en Grande-Bretagne, 1943-1945 ».
Nous y rajouterons, dans les mois qui viennent :
-« La guerre électronique sur MIRAGE IV » dont vous recevez, avec ce N° 43, la plaquette de présentation,
- « L'histoire des FAS » écrite à la demande de l'ANFAS et actuellement en cours de définition.

        La bibliothèque des FAS n'est certainement pas complète. Elle ne contient pas toute la mémoire de notre aviation de bombardement.
        Pour en savoir un peu plus, je vous invite à naviguer sur le site de l'Anfas. Avec le webmaster, notre ami Jean-François ORSSAUD, nous venons d'y installer le journal de marche du « GUYENNE »  (c'est en cours : 173 pages à scanner et à contrôler....). C'est notre « mémoire de l'aviation » qui débute en 1915 et va jusqu'en 1986. Allez faire connaissance avec ces hommes et ces chefs de l'aviation de bombardement de la Première Guerre Mondiale. Ils ont de la personnalité, de la prestance et c'est normal que l'Anfas les mette sur la toile. Cheminement à suivre : site anfas - Rubrique Escadron de Bbt - Istres.

        Notre prochaine réunion aura lieu justement sur la base d'Istres, lieu de stationnement du « GUYENNE » à sa création sur MIRAGE IV. Le colonel LENE nous recevra le mardi 26 septembre.
        Nos petits enfants et nos arrières petits enfants seront à l'école, qui en maternelle supérieure, qui en maths sup. Alors profitons-en : à nous la liberté pour une journée de contact avec nos successeurs, sous les ailes des C 135 FR du Bretagne et autour des 2000N du Limousin.

Jacques Pensec


 

VOL DE NUIT


        Les Marauders Français sont en Sardaigne depuis quelques mois et participent à l’immense effort de guerre des alliés.
        Le 24 juin 1944 l’ordre arrive. A partir de demain entraînement au vol de nuit. Cet ordre soulève un tollé général.
-Mais ils sont devenus fous. Ils veulent nous faire casser la gueule…
        Un ordre est un ordre et notre ardeur au combat efface vite toutes les appréhensions.
La piste est balisée tous les 50 mètres par de grandes boites de conserve remplies de sable imbibé d’essence.         De chaque côté de la piste une Jeep fait la navette pour s’assurer qu’il n’y en a point d’éteinte. La noria des avions commence : décollage, atterro, décollage, atterro… tout semble bien se passer. Pourtant plusieurs appareils de l’Escadre font des atterrissages si durs que la cellule subit des déformations permanentes rendant le vol dangereux. Ils sont réformés sur place.
        Mon bon 63 assume vaillamment sa tâche. Mais une nuit, retour au parking, l’hélice droite accroche un fût de 200 litres sur lequel se trouvait une mitrailleuse de 50 qui vient se planter dans le fuselage à hauteur du copilote. Paraît-il qu’une balise était éteinte ? En deux temps trois mouvements l’hélice est changée ; nous récupérons sur une épave de B26, au parc à ferraille, la même tôle que celle abîmée. Un jour, une nuit de travail et le 63 reprend sa place au combat.

 


        La routine est prise. Mission de bombardement le jour puis entraînement au vol de nuit.
        Ce soir, mon aide mécano assure la première moitié de la nuit ; je me réserve la deuxième après l’incessant balai nocturne, je complète les pleins ; à la torche j’effectue un rapide contrôle général.
        Paré pour la mission. Il s’agit d’un bombardement fictif sur un cap à l’Est de Bône, au lever du jour. En nous-même on se doute que cela préfigure un débarquement prochain en méditerranée.
        Le Cdt NICOT est leader du flight. Je songe que les cinq avions suiveurs doivent avoir fort à faire pour garder la formation en lorgnant les flammes des échappements ou trois petites loupiotes bleues sur nos empennages. Au poste de pilotage les instruments de bord balayés par les lampes U.V. sont parfaitement lisibles dans le noir et semblent donner une note irréelle. Dans l’air frais et humide de la nuit les moteurs tournent avec un ronron rassurant et une régularité de métronome.
        Il y a environ 2h que nous avons décollé. Le jour semble poindre devant nous ; à notre gauche la terre d’Afrique commence à se distinguer. La mer est toujours noire mais la frange d’écume blanche qui se détache délimite parfaitement le cap à traiter. « Bomb-run », trappes ouvertes, largage simulé, trappes fermées, dégagement vers le large. Après un grand 180° nous reprenons le cap retour, le copilote recule son siège au maxi, le bombardier, tel un crabe sortant de son trou, émerge sous le tableau de bord ; il a hâte d’aller au poste navigateur se dégourdir les membres. Les trois défenseurs arrière regagnent aussi le poste central.
        Je distribue à chacun un gobelet de café bien corsé et bien chaud ainsi qu’une boîte de ration K. C’est trop tard pour le réveillon et trop tôt pour le petit déjeuner, il ne manque que les croissants frais. Tout le monde a le sourire et le moral est au plus haut.

        Une clarté bien soutenue se dessine à l’Est, devant nous. Puis un soleil rouge daigne montrer son nez dans une légère brume matinale ; sa teinte s’éclaircit à mesure qu’il monte dans le ciel. La mer est une immense glace miroitante mais la réverbération étincelante ne tarde pas à gêner considérablement les pilotes. Après 4h30 de vol nous atterrissons au grand jour à VILLACIDRO.
        L’équipage part se reposer. Déjà, avec mon aide, je prépare l’avion pour la mission de jour. Pendant les cinq heures et plus de celle-ci, couché sur un tas de housses, à l’ombre d’un Marauder indisponible, malgré la chaleur et les mouches, je tâcherai de dormir jusqu’au retour de la formation qui, je l’espère, sera complète.
        Le 15 août 1944, pour la « vraie » mission sur les plages de Provence, la brume matinale cache tout. Le bombardement ne peut avoir lieu. Grande fut notre désillusion.

Sgt mécanicien Yves VINCENT
Gr 1/19 Gascogne.

NDLR : En publiant cet article, le dernier hélas, nous rendons hommage à notre grand ancien, le Sgt Yves VINCENT, qui nous a quitté tout récemment pour d’autres cieux.
 

A noter dans vos agendas :

mardi 26 septembre 2006,

l’Assemblée Générale ANFAS

sur la base d’Istres-le-Tube