Le 23 juin ne sera pas un
jour ordinaire pour les FAS ni pour les anciens qui ont participé à ce
Grand Commandement depuis 1964.
Les derniers MIRAGE IV
iront rejoindre, à partir de cette date, le cimetière des avions à la
base de Châteaudun. Les 5 derniers IV P de l’Escadron de Reconnaissance
Stratégique iront retrouver leurs collègues déjà sur place par un vol
élégant, le IV est toujours d’une grande élégance en vol. En passant
par-dessus les Landes, la Gironde, le Massif Central et la belle vallée
de la Loire, une dernière fois, ils admireront la campagne et les
villages paisibles de la France du 21ième siècle.
Sans équipage de combat
pour les élever vers les cieux, sans les mécanos pour les préparer
jusque dans les moindres interstices, sans personnel administratif pour
gérer leur nomenclature, ils iront rouiller au fond d’un parking en
attendant l’arrivée d’un ferrailleur.
Pourtant, nous le savons, nous leurs proches, nous qui avons leurs
odeurs, leurs vibrations, leur chaleur encore dans le corps, il émane
des MIRAGE IV une forte personnalité. Et cette personnalité leur a été
transmise par des hommes qui croyaient en eux, qui croyaient en la
réussite de leurs missions de vecteur de la dissuasion nucléaire
française.
Le tout premier fut
Marcel Bloch-Dassault, l’homme qui synthétisa les volontés créatrices
pour réussir ce bombardier français. A quoi pouvait penser cet
ingénieur, prisonnier des nazis au camp de Buchenwald lorsque les
Halifax des Groupes Lourds, « Guyenne » et « Tunisie –Aquitaine »
venaient bombarder les usines autour du camp ? A la personnalité qu’il
insufflerait à son avion pour « plus jamais cela ». C’était en décembre
1944.
Le deuxième homme fut le
général de GAULLE. Perdu dans les brumes de Londres, à quoi pensait le
général lorsqu’il se battait pour maintenir la France au rang de grande
nation combattante? A la personnalité du futur avion français qui
menacerait nos ennemis au plus loin qu’ils soient pour « plus jamais
cela ». C’était pendant les hivers 42-43.
Le troisième homme fut le
premier commandant des FAS, le général MAURIN Philippe. Il avait fait la
guerre comme pilote de combat sur avion de chasse en Angleterre. Il fut
descendu au-dessus de l’Allemagne et connut les camps
de prisonniers. A quoi pensait ce pilote en entendant
les avions franco-russe du « Normandie-Niemen » passer au-dessus du camp
? A la personnalité de l’avion qu’il piloterait pour « plus jamais cela
». C’était en 1945.
Le quatrième fut le
pilote de l’équipage de combat qui prit la première alerte nucléaire à
Mont-de-Marsan, le commandant Pierre CAUBEL. A quoi pensait cet officier
français dans le camp de prisonniers vietminh après avoir été descendu
en B26 au-dessus de Diên Biên Phu ? A la personnalité que devait avoir
son futur bombardier pour « plus jamais cela ». C’était en 1954.
Dans aucun de ces hommes,
il n’y avait une once de haine ou de revanche, mais seulement « plus
jamais cela ».
Et puis chacun de nous,
les anciens, les femmes et hommes des FAS, à des niveaux différents, du
sans-galon au plein-d’étoiles, chacun à sa place et dans son rôle, a su
lui transmettre un peu de sa personnalité, parce que nous avions foi en
la mission de la dissuasion. Et, pour les hommes et femmes de notre
génération, « cela n’est plus arrivé », depuis 1964.
Alors, ne laissons pas
partir le MIRAGE IV sans un dernier salut.
Je compte sur votre
présence.
Jacques Pensec
Le général MATHE, commandant les Forces
Aériennes Stratégiques,
Le colonel PACOREL, commandant la BA 118,
Le Lt-Cl PRIOLET, commandant l’E.R.S « GASCOGNE »,
Le conseil d’administration de l’ANFAS,
Vous donnent rendez-vous les 22 et 23 juin 2005 pour
« LE DERNIER VOL DU IV ».
|
BRETAGNE-GUYENNE-CEVENNES-BEAUVAISIS-SAMBRE-MARNE-BOURDONNAIS-ARBOIS-GASCOGNE
|
|