N°37 - Avril 2005

L’équipe de rédaction : C.Auzépy christian.auzepy@wanadoo.fr
Site anfas : http://anfas.free.fr

 

Le mot du Président

     Le 23 juin ne sera pas un jour ordinaire pour les FAS ni pour les anciens qui ont participé à ce Grand Commandement depuis 1964.
     Les derniers MIRAGE IV iront rejoindre, à partir de cette date, le cimetière des avions à la base de Châteaudun. Les 5 derniers IV P de l’Escadron de Reconnaissance Stratégique iront retrouver leurs collègues déjà sur place par un vol élégant, le IV est toujours d’une grande élégance en vol. En passant par-dessus les Landes, la Gironde, le Massif Central et la belle vallée de la Loire, une dernière fois, ils admireront la campagne et les villages paisibles de la France du 21ième siècle.
     Sans équipage de combat pour les élever vers les cieux, sans les mécanos pour les préparer jusque dans les moindres interstices, sans personnel administratif pour gérer leur nomenclature, ils iront rouiller au fond d’un parking en attendant l’arrivée d’un ferrailleur.
Pourtant, nous le savons, nous leurs proches, nous qui avons leurs odeurs, leurs vibrations, leur chaleur encore dans le corps, il émane des MIRAGE IV une forte personnalité. Et cette personnalité leur a été transmise par des hommes qui croyaient en eux, qui croyaient en la réussite de leurs missions de vecteur de la dissuasion nucléaire française.
     Le tout premier fut Marcel Bloch-Dassault, l’homme qui synthétisa les volontés créatrices pour réussir ce bombardier français. A quoi pouvait penser cet ingénieur, prisonnier des nazis au camp de Buchenwald lorsque les Halifax des Groupes Lourds, « Guyenne » et « Tunisie –Aquitaine » venaient bombarder les usines autour du camp ? A la personnalité qu’il insufflerait à son avion pour « plus jamais cela ». C’était en décembre 1944.
     Le deuxième homme fut le général de GAULLE. Perdu dans les brumes de Londres, à quoi pensait le général lorsqu’il se battait pour maintenir la France au rang de grande nation combattante? A la personnalité du futur avion français qui menacerait nos ennemis au plus loin qu’ils soient pour « plus jamais cela ». C’était pendant les hivers 42-43.
     Le troisième homme fut le premier commandant des FAS, le général MAURIN Philippe. Il avait fait la guerre comme pilote de combat sur avion de chasse en Angleterre. Il fut descendu au-dessus de l’Allemagne et connut les camps

de prisonniers. A quoi pensait ce pilote en entendant les avions franco-russe du « Normandie-Niemen » passer au-dessus du camp ? A la personnalité de l’avion qu’il piloterait pour « plus jamais cela ». C’était en 1945.
     Le quatrième fut le pilote de l’équipage de combat qui prit la première alerte nucléaire à Mont-de-Marsan, le commandant Pierre CAUBEL. A quoi pensait cet officier français dans le camp de prisonniers vietminh après avoir été descendu en B26 au-dessus de Diên Biên Phu ? A la personnalité que devait avoir son futur bombardier pour « plus jamais cela ». C’était en 1954.
     Dans aucun de ces hommes, il n’y avait une once de haine ou de revanche, mais seulement « plus jamais cela ».
     Et puis chacun de nous, les anciens, les femmes et hommes des FAS, à des niveaux différents, du sans-galon au plein-d’étoiles, chacun à sa place et dans son rôle, a su lui transmettre un peu de sa personnalité, parce que nous avions foi en la mission de la dissuasion. Et, pour les hommes et femmes de notre génération, « cela n’est plus arrivé », depuis 1964.
     Alors, ne laissons pas partir le MIRAGE IV sans un dernier salut.

     Je compte sur votre présence.

Jacques Pensec

Le général MATHE, commandant les Forces Aériennes Stratégiques,
Le colonel PACOREL, commandant la BA 118,
Le Lt-Cl PRIOLET, commandant l’E.R.S « GASCOGNE »,
Le conseil d’administration de l’ANFAS,
Vous donnent rendez-vous les 22 et 23 juin 2005 pour

« LE DERNIER VOL DU IV ».

 

BRETAGNE-GUYENNE-CEVENNES-BEAUVAISIS-SAMBRE-MARNE-BOURDONNAIS-ARBOIS-GASCOGNE