N°29 - Janvier 2004

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Le mot du président

     Fin 1994, lorsque nous avons débuté la recherche d’adresses des anciens afin d’expédier le mailing pour la création de l’association, un général, ex-FAS, habitué du Bd Victor, nous avait transmis un fichier avec près de 8000 noms. En fonction de certains critères, dont le plus important était celui de la date de la dernière mise à jour, nous avions expédié près de 1500 courriers si j’ai bonne mémoire. Les FAS nous avaient avancé les timbres !!
Résultat : 950 avaient répondu et ces noms forment toujours le fichier de base de notre trésorier. 
     Début 2004, nous sommes 540. Nous avons égaré en cours de route un certain nombre d’entre nous pour diverses causes dont la plus générale est le non-renouvellement de la cotisation. Certains aussi se sont effacés de la vie ordinaire pour des voyages vers les étoiles et d’autres ont oublié de nous prévenir de leur changement d’adresse. 
Avons-nous besoin de ces 400 qui sont « oubliés » et de ces 7000 qui ont été FAS ?
     Personnellement, je souhaiterais pouvoir leur dire que les FAS vont marquer leurs 40 années d’existence cette année ; que nous allons nous retrouver avec nos rides - celles d’expression, pas les autres - avec nos cheveux blancs ou seulement poivre-et-sel, avec nos dos ronds mais aussi avec l’amitié au coin des lèvres distribuée en oubliant les aléas caractériels, avec le plaisir de se revoir les yeux dans les yeux avec les chefs – ils serons tous là, je vous le promets – ceux qui nous ont fait marner par tous les temps et à toutes les heures, mais nous y allions car c’était les FAS.
     Comme c’est l’habitude dans ce Grand Commandement, nous ne crierons pas sur les toits le travail que nous avons accompli. Nous resterons avec nos petites histoires de gens calmes et sereins.
Mais je compte sur vous, vous les 540 fidèles de l’ANFAS, pour annoncer autour de nous, à tous nos amis, que cette année 2004, nous allons nous retrouver et qu’ils sont invités chaleureusement.

 
     Et dites leur de ne pas avoir de complexe : un ancien des FAS est toujours un invité d’office de l’ANFAS.

    Jacques PENSEC.

Il y a 40 ans naissaient les Forces Aériennes Stratégiques

     Le 14 janvier 1964, étaient créées par la volonté du Général de Gaulle, les Forces Aériennes Stratégiques, cela moins de quatre ans après l’explosion de la première arme nucléaire à Reggane. Confiée au général Philippe Maurin, premier commandant des FAS, cette force est alors centrée sur le bombardier biréacteur supersonique Mirage IV que l’on doit à Marcel Dassault. Marquant l’entrée de la France dans le club très restreint des nations dotées de l’arme nucléaire, regroupant alors les Etats-Unis, le Royaume Uni et l’URSS, la première alerte nucléaire stratégique est effectuée en octobre de la même année avec deux Mirage IVA équipés de la bombe AN 11 de 40 kilotonnes. Durant ces années 60, tout s’opère alors sous un suivi attentif et énergique du général de Gaulle, Président de la République et chef des armées. La montée en puissance des FAS se traduit par la mise en ligne d’une soixantaine de Mirage IV répartis sur neuf bases, première étape de la constitution d’une force de frappe. 
     Pour donner l’allonge nécessaire aux Mirage IV la France prend livraison, à partir de 1964, de douze avions de ravitaillement en vol C-135 FR, achetés aux Etats-Unis en 1962. La composante stratégique pilotée est alors opérationnelle. 
     Elle sera suivie des missiles sol-sol balistiques stratégiques, confiés également à l’Armée de l’air, et des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins qui constitueront les Forces Nucléaires Stratégiques, instrument de la politique de dissuasion de la France.
     En tout, 62 Mirage IV sont produits chez Dassault : une première tranche de 50 commandée en mai 1962, puis un lot complémentaire de 12 appareils commandé en 1965. Les livraisons des Mirage IV s’effectuent à rythme rapide : le premier escadron, le 1/91 Gascogne est constitué le 1er mai 1964, et le 9ème et dernier, le 3/94 Arbois le 1er février 1966, bref en deux ans toute la force de bombardement stratégique est rassemblée ; rien de comparable donc avec ce que l’on observe aujourd’hui avec le Rafale (il est vrai aussi que les temps ont changé). La stratégie française est celle de la dissuasion du faible au fort : conduire l’agresseur potentiel de la France à considérer que le rapport entre avantage et inconvénient joue en sa défaveur du fait d’une réplique suffisamment puissante de notre part pour détruire ses centres vitaux. C’est l’expression même du pouvoir égalisateur de l’atome et du principe de suffisance, principes qui guident encore aujourd’hui notre stratégie. 
     La constitution des FAS autorise la mise en place d’une défense nationale totalement souveraine, le général de Gaulle décidant en 1966 le retrait de la France du commandement intégré de l’OTAN. Pour autant, ce geste politique fort n’affecte en rien le respect du traité de l’Atlantique qui n’est absolument pas remis en cause par cette décision. L’armement se perfectionne. Aux premières bombes AN 11, engins rustiques de 40kts, succèdent les AN 21 et AN 22 de 60kts, cette dernière étant conçue pour le tir en basse altitude. 


Toutes ont un point commun : pouvoir être tiré à Mach 2. 
     A partir de 1986
le missile ASMP entre en service au profit de 18 Mirage IV modifiés pour son emport. En 1972, les FAS prennent en charge la constitution d’un site de 18 missiles sol-sol, le premier Groupement de Missiles Stratégiques, sur la Base Aérienne 200 de Saint-Christol, plus connu sous le nom générique de Plateau d’Albion. 
     Le 8 novembre 1989, le mur de Berlin tombe, c’est la fin d’une époque, celle de la guerre froide. Pour les FAS, les années 90 représentent alors une décennie de déflation très significative des moyens : démantèlement du plateau d’Albion, dissolution du CIFAS et du Groupe Aérien Astarte et retrait du service des 15 derniers Mirage IVP armés du missile ASMP. Mais les FAS survivent à l’évolution de l’environnement international, alors que l’on aurait pu imaginer, la fusion de cette composante dans la Force Aérienne de Combat, à l’image du mouvement entrepris aux Etats-Unis et au Royaume Uni. Au regard des nouveaux besoins de la défense de la France dans le contexte post guerre froide, les FAS apportent leur compétences dans des missions conventionnelles, complémentaires de leur mission principale qui reste la dissuasion. 
     A ce jour, commandées depuis un PC enterré à Taverny, les FAS sont composées de trois escadrons de Mirage 2000N, armés du missile ASMP, un escadron de ravitaillement en vol regroupant tous les C 135FR et les KC 135, un escadron spécialisé en reconnaissance stratégique constitué des derniers Mirage IV P et une unité d’entraînement, le CITAC. 
     Mais outre la contribution à la dissuasion, à la stabilité et à la paix en Europe, l’autre mérite des FAS est d’avoir initié le développement de la guerre électronique moderne dans les forces armées françaises, cela dans tous les domaines d’action : le renseignement électromagnétique, l’autoprotection et le brouillage offensif. Élément moteur en la matière, le bureau GE des FAS a joué un rôle très important dans la mise au point des concepts et des moyens sous l’autorité éclairée de son premier chef, le Général Jean-Paul Siffre. 
     Après 40 ans de service opérationnel, l’avenir des FAS se dessinent maintenant autour du missile ASMP-A qui doit équiper à partir de 2008 les Mirage 2000N et les Rafale au Standard F3. Apportant une flexibilité à notre posture nucléaire, les FAS constituent 40 ans après leur création la seule force nucléaire pilotée des nations d’Europe. Ce 14 janvier 1964, il y a 40 ans, selon la volonté affirmée du Général de Gaulle, la France, séparée peu avant de son vaste empire colonial, affaiblie par la guerre et l’occupation, hexagone modeste au centre de l’Europe, retrouvait avec cet attribut opérationnel de la puissance, une véritable capacité d’influence et de prise de position dans les affaires du monde, bref son rang.
 

Philippe Wodka-Gallien 
 

L'équipage

 
     Préambule à l’article paru dans azur et or de janvier 2003, n° 144, racontant l’histoire des Groupes Français de bombardement «Guyenne» et «Tunisie (puis Aquitaine )» en Angleterre, de 1943 à 1945.

….C’est également l’occasion de nous demander pourquoi ce relatif silence autour de ces équipages qui, au prix de très lourdes pertes, ont fortement contribué à l’effondrement final de l’Allemagne nazie. La réponse semble déjà contenue dans le mot «équipage» et sa corollaire «anonymat».
     Cela débute en 1914 : après les premiers balbutiements de l’observation d’artillerie, l’aviation militaire naissante reproduit le mythe des preux chevaliers, s’affrontant entre eux dans le champ clos du ciel. Les services de 

propagande de l’époque, relayés par les journalistes friands de sensations guerrières, firent de quelques chasseurs de véritables stars : Fonck, Nungesser – la sentinelle de Verdun -, Védrines, et bien sûr Guynemer. 
     Longtemps confrontée à la difficulté de conquérir son autonomie (c’était toujours d’actualité en 1945!), l’Armée de l’air a privilégié, peut-être inconsciemment, la confrontation purement aérienne, la chasse ; on reste entre soi ! Cette primauté s’applique d’ailleurs aux plus hauts niveaux de commandement : les grands chefs sont tous des chasseurs aux yeux bleus (mieux encore, des chasseurs «intelligents»), et d’ailleurs, c’est bien connu, il n’y a pas de bombardiers, mais seulement des mauvais.
     Laissons là ces vielles querelles qui, de nos jours, ne sont plus que folkloriques ; il n’empêche que l’ «équipage», s’il a inspiré de superbes œuvres littéraires, de Saint-Exupéry à Kessel, n’est cependant pas porteur de célébrité ; pas de pilote vedette, pas de victoires, homologuées, soigneusement comptabilisées, mais en cette fin de la 2ème guerre mondiale des missions de nuit de tous les dangers, par vagues anonymes, des milliers de tonnes de bombes larguées, et des dizaines d’avions disparus, abattus par la chasse de nuit, explosés sous les coups de la flak. Nous publions la photo de l’un de ces équipages d’Halifax : leur appareil touché de plein fouet par la flak, littéralement éclaté, six des sept membres de cet équipage disparaissent ; seul, le capitaine Stanilas, navigateur commandant d’avion, se retrouve indemne sous son parachute : le Général qu’il devint ensuite ignorait totalement par quel miracle il eut ainsi la vie sauve. 
     Sir Winston Churchill, après avoir rendu l’hommage que l’on sait aux pilotes de chasse vainqueurs de la bataille d’Angleterre, aura su anticiper l’histoire : «les chasseurs nous ont sauvés, mais ce sont les bombardiers qui nous donneront la victoire». 
 
Colonel SALVIGNIEN
 


A noter

-    Premier rendez-vous :
le 6 mars, 14 H 00 au musée de l’Air et de l’Espace, au Bourget. 
( fiche pratique jointe à cet anfas contact ).

-    Vérification des comptes :
« Après vérification des comptes de l’ANFAS pour l’année 2002 et des pièces justificatives jointes, Pierre ROUDAUT et Jean-Pierre KERMORGANT certifient que ces comptes sont exacts et sincères. Fait à Versailles le 25 novembre 2003.»
Signé : P. ROUDAUT - J.P. KERMORGANT

-    50ème anniversaire de DIEN BIEN PHU 
L’armée de l’air voudrait rendre hommage à l’ensemble de ses personnels ayant participé à la Guerre d’Indochine le 30 avril prochain sur la base aérienne d’Orléans au moment de l’AG de l’ANTAM. Pour y participer : prendre contact rapidement avec Jacques PENSEC par téléphone ou directement aux Ailes Brisées.

-    Cotisation 2004 : 
Son montant est toujours de 20 €. Vous pouvez transmettre votre chèque à Alex JOURDAN, trésorier Anfas, 102 rue Roque de Fillol, 92800 Puteaux. Merci à tous.