N°25 - Juin 2003

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Le mot du Président

     Un rendez-vous Anfas sur la base de Mérignac, c’était pour beaucoup d’entre nous la recette idéale pour sauter à pieds joints dans sa vie professionnelle. Pour moi, ce fut un saut de plus de 30 ans. Mais je dois avouer que j’ai été un peu «jaloux» de ceux qui s’installaient confortablement dans les fauteuils pour m’écouter, que j’ai dû ensuite «pousser» pour rejoindre le pied du drapeau, que je n’ai pas réussi à se faire se retourner pour la photo officielle, que j’ai vu se regrouper ensuite par affinités ou par escadron pour le repas. Bref, j’ai compris que le président était là pour bosser!. Mais il sentait bien que des anciens étaient heureux de se retrouver et l’ambiance chaleureuse.
     Il s’est même laissé embrasser par une dame qui, un an plutôt, lui avait transmis une lettre de rupture… de l’association. Et cette dame était heureuse d’être présente, cela se voyait dans ses yeux. 
     La lettre d’une autre dame que je joins à ce mot du président, interpelle quelques uns d’entre-nous. A eux de savoir ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire.
     L’année prochaine, ce sont les 40 ans des FAS. Octobre 1964, première prise d’alerte à 15 minutes, de la première force nucléaire stratégique, avec un équipage C135 F et un équipage Mirage IV A. Le C135 est toujours devant jusqu’au ravitaillement et un peu au-dessus. Laissons-le à sa place. Je ne sais pas, au moment ou je rédige ce mot, ce que sera officiellement cet anniversaire. Mais il serait bien que vous commenciez à ameuter la population des anciens des FAS, les vieux, les moins jeunes, les toujours jeunes. Il y aura une place pour chacun car chacun a donné une part de lui durant ces 40 ans. 
     Si tous ceux qui nous rejoindront à cette occasion, sont aussi bien dans leur peau que les anciens de Cambrai qui se sont retrouvés à Mérignac, alors nous aurons bien rempli notre mission au sein du bureau et du conseil d’administration.
     Et pour continuer sur Cambrai, lisez donc ce qui suit : « Le premier Mirage IV à Cambrai » et « Les traditions de l’Escadron de Bombardement 3/93 PICARDIE ». Merci à Alain DARTY mécanicien équipement et sécurité 51-70 en 1965 dans cet escadron 

et qui a réceptionné cet avion et aidé le nav à se « débrêler ».
C’était le 1ier décembre 1965. 
Jacques PENSEC
 
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Une dame m’écrit de Biscarosse mais ce petit texte, remplissant une carte postale, nous est adressé à tous et en particulier aux anciens des SSBS. Alors j’ai eu envie de lui donner la parole comme si elle était avec nous à Mérignac.

Mon Président,

« Bisca-Bdx, c’est pas trop loin ! » dites-vous, c’est ma foi vrai, mais :
à l’A.G. FAS, je crains de me trouver en «réunion inconnue». Pour moi les FAS se limitent au SSBS, petite équipe marginale qui, de plus, a disparu. L’intérêt des réunions, telles que l’A.G. est de regrouper anciens et nouveaux affectés, de mêmes unités, les uns s’intéressant à «l’après-eux», les autres à «l’avant-eux» d’où connivence, échange d’anecdotes, etc… Pour les SSBS, il y a eu mais il n’y a plus ! Ceci dit sans nostalgie mais avec le regret de ne pouvoir parler au présent et au futur de la vie au service d’un système d’armes où j’ai passé 15 ans. Les «avionneux» ont un siècle derrière eux et l’avenir leur appartient, chacun continue le travail du précédent et prépare celui du suivant ! Donc, dans les rencontres, chacun a quelque chose à dire à l’autre… Tout ceci pour vous dire que je penserai à ce rassemblement qui à n’en pas douter sera un succès. 

ANFASsement vôtre. J.Devant.

Le premier Mirage IV à Cambrai. 

(extrait de la gazette de Cambrai, Flash 103 n° 8, avril 1966)

     Ce jour tant attendu arrive enfin : l’Escadron de Bombardement 03/093 va recevoir aujourd’hui, 1ier décembre 1965, son premier Mirage IV. Vers 14 heures, nous apprenons qu’il a décollé de Cazaux. Il est attendu aux environs de 16 heures.

     Peu avant l’heure dite, les bureaux se vident comme par enchantement. Le personnel de l’E.B. est à présent réuni sur la piste qu’entoure un grillage protecteur.
Quelqu’un s’écrie soudain « le voilà ». En effet, encore floue, l’image d’un avion se dessine dans la grisaille habituelle du ciel de Cambrai. Il paraît très long, beaucoup plus fin que les familiers SMB 2. Le voici qui arrive sur nous. Chose curieuse pour un profane, aucun bruit ne semble s’échapper de ses réacteurs tant qu’il ne nous a pas dépassés. Mais ensuite un hurlement déchirant provoque un réflexe général : on se bouche les oreilles.
     Après avoir effectué quelques tours d’honneur dans le ciel : passage sur l’aile, train d’atterrissage sorti puis de nouveau escamoté, le voilà qui atterrit d’une manière très caractéristique, formant un angle de 30° avec l’axe de la piste. Pour faciliter le freinage, un parachute en forme de croix de Saint-André est déployé puis largué.         Dans le grondement impressionnant de ses deux réacteurs, l’avion rejoint le hangar qui lui est destiné et s’immobilise enfin ; des mécaniciens se précipitent, appliquent des échelles contre ses flancs et s’emploient ensuite à ouvrir les habitacles du pilote et de son navigateur. Le Commandant Huré, son pilote, et le nav, Cne HAMON en descendent, souriant et se prêtent de bonne grâce à la photographie d’usage. 
L’Escadron de Bombardement vient de prendre possession de son premier avion. C’était le 24, FTHAW.
     Le personnel, hommes de troupe y compris, se réunit ensuite dans une ambiance chaleureuse pour un « pot » qui se déroule en présence de Monsieur le Colonel DELAVAL, commandant la Base Aérienne 103.
 
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Les Traditions de l’Escadron de Bombardement 
3/93 « PICARDIE »



     L’escadron de Bombardement 3 / 93 « PICARDIE » reprend les traditions du groupe de Bombardement 2/ 31 dont les origines remontent à la guerre 1914-1918. 
     En effet, le G.B. 2/ 31 est issu des escadrilles Br 226 et C 56 qui s’illustrèrent pendant la grande guerre. L’escadrille C 56, équipée de Caudron G 4 puis G 6 participa en particulier aux combats des Monts de Champagne, de St Mihiel et de Douaumont. Elle fut deux fois citée et reçut la fourragère aux couleurs de la croix de guerre 14-18.
     L’Escadrille Br 226, formée en Belgique sur Caudron avant de passer sur Bréguet, participa en particulier aux combats des Flandres, de Verdun, du Chemin des Dames. Elle reçut deux citations et fut l’une des plus jeunes escadrilles qui porta la fourragère aux couleurs de la croix de guerre.
     Le G.B. 2/31, stationné à Vilmory près de Montargis au début de la guerre 39-40 et équipé de Bloch 200, avions périmés à l’époque, participa à la campagne de France, attaquant en particulier les convois allemands dans la région de St-Quentin. Après sa transformation à Lézignan sur Léo 45, il remonta au front 

et fut stationné à Broyes les Pesmes ce qui lui permet d’attaquer des objectifs en Allemagne dans la région de Munich. L’armistice le trouva à Istres où il fut dissous.
Le nom de tradition « PICARDIE » fut porté de 1943 à 1945 par un groupe de surveillance et de transports des FAFL, stationné au Levant à Palmyre et Damas et équipé de Blenheims, P 25 puis de A 24 Baltimore. Ce nom fut aussi porté de 1955 à 1957 par l’escadron de chasse 2/12 stationné à Cambrai et équipé de Mystère IV A.
Note de la rédaction : le 20 février 1967, le 3/93 deviendra le « SAMBRE » et reprendra les traditions du GB III/31.

     Merci à Alain DARTY d’avoir conservé dans ses archives, ces extraits de la vie du « PICARDIE » et de les avoirs transmis.

 
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De Claude BRUNET : IL Y A 31 ANS, 

Le vendredi 30 juin 1972, le Boeing C 135 F 
N° 473 FUKCD de l’E.R.V. 4/93 « AUNIS », s’écrasait quelques minutes après le décollage de HAO, atoll de l’archipel des Tuamotou à Tahiti, base avancée du centre d’expérimentation du Pacifique, à 425 kilomètres du site de tir de Mururoa. Il avait décollé pour effectuer une mission de reconnaissance météo Soubise avec deux ingénieurs météo à bord.
L’avion s’est abîmé corps et biens dans l’océan au cours du virage de présentation face à la piste, à quelques encablures seulement de la « passe » alors que le commandant de bord tentait vainement de se reposer.
Des ennuis très sérieux survenus aux quatre réacteurs dès le décollage effectué avec un plein complet de carburant, ont contraint le pilote à tenter un atterrissage immédiat après avoir délesté le maximum de pétrole.
Les mêmes ennuis réacteurs sont apparus sur le deuxième C 135 F N° 471 qui s’apprêtait à décoller pour une mission météo suivante. Ce C 135 F a dû être re-motorisé avec quatre réacteurs neufs venus de métropole par voie aérienne pour lui permettre de regagner Istres.
L’enquête a révélé une corrosion importante due à l’air marin sur l’atoll.

 

ÉQUIPAGE du FUKCD N° 473, 
mort en SAC le 30 juin 1972.

 
Commandant DUGUE, pilote, commandant de bord,
Capitaine PARAGE, navigateur,
Lieutenant FRUGIER, copilote, 
Adjudant-Chef HECQ, opérateur ravitailleur en vol.
 
Deux spécialistes météo participaient au vol et ont également disparu au cours de l’accident :

Adjudant-Chef LANGLAIS,
Premier-Maître SAUCILLON.