N°24 - Mai 2003

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Le mot du Président

      650 pilotes et navigateurs, 6800 mécaniciens : c’est le nombre de personnes instruites et formées par le CIFAS et la base de Bordeaux Mérignac de mai 1964 à juin 1992: une aventure de 28 ans.
      Mérignac était encadrée de l’aéroport civil, de l’usine Dassault, de la Sogerma, du Camp de Souges, du centre d’essais des poudres de St-Médard, de l’immensité tentaculaire de la ville au nord-est avec la gare St-Jean et, de l’autre côté, vers le sud et l’ouest, de l’immensité verte des pins qui se raccrochait à la mer, au pont d’Aquitaine, dans la Gironde et, au-delà de St-Jean-d’Illac, à Andernos et à Arés. Vous en souvenez-vous ?
      Moi, je me souviens, - le patron était le colonel HURE - avoir participé à l’organisation d’une porte ouverte sur la base au mois de mai 1975 ( ou 76 ). Il y avait plein d’expos de militaires-artistes de la base : photos, maquettes ( je me souviens de magnifiques maquettes de trains ), peintures, timbres, une participation des pompiers avec un passage de 2 hommes dans un feu de kérosène, un largage en Broussard de l’équipe de paras de la base avec réception sur le parking avions devant le CIFAS sur la musique - plein pot dans les haut-parleurs de la base - des 4 saisons de Vivaldi et des baptêmes de l’air pour les enfants en Nord SNB.
      C’était un dimanche avec un temps de colonel. Nous avions prévu le soir à partir de 18h un plat unique de style : steak ou jambon-frites. Au retour de la plage, la base a été envahie, ils sont arrivés par groupes compacts. A 21h, l’officier des subsistances n’avait plus une tranche de jambon ni une pomme-frite dans ses frigos : plus de 2000 repas ( est-ce que j’exagère avec le temps!!) ont été servis. Comme un midi de semaine mais un dimanche soir.
      Et je me souviens encore de ce parcours évasion de nuit de tous les PN du CIFAS, déposés par équipage dans des coupe-feux, entre le Camp de Souges et le terrain de l’aéroclub de Lesparre, avec à leur trousse, les 300 mécanos du Germas. Au menu du repas de midi du lendemain, organisé par les hommes du Germas : un méchoui de 16 moutons, arrosé par un tonneau en perce sur place de 200 litres de vin de Bordeaux et, comme dessert, le passage d’un Mirage IVA avec l’équipage RUFAS-HEMMERLIN. Le patron du CIFAS était le lieutenant-colonel TESSIER.

      Le temps a certainement fait son travail de modification sur la base du « Cne Michel CROCI ». Normal dirons-nous : tout ce qui vit se doit d’évoluer, même une base, sous peine de s’endormir ou pire. Mais nous, les anciens des FAS, nous avons la mémoire longue, 28 ans déjà. Je vous ai dit que nous cultivons cette amitié parfois rude d’hommes et d’aviateurs à travers un lien commun, l’ANFAS et notre creuset commun :  Bordeaux-Mérignac-Cifas. 
      Alors faites le tour de vos amis et transmettez-leur l’invitation du colonel Chamagne et de son personnel qui nous reçoivent ce jeudi 15 mai sur leur base. 
Jeudi 15 mai : rendez-vous de l’association nationale des FAS à Bordeaux-Mérignac.

Jacques PENSEC

Le Vautour B n° 634 ressuscité

La fin de la restauration du Vautour B n° 634 a été fêtée, le 3 avril 2002, au musée de l’air et de l’espace. Il convenait de marquer l’événement car l’opération est originale et exemplaire.
En 1997, Henri Coisne, premier commandant de l’EB 2/92 « Aquitaine », a su convaincre le général Siffre, directeur du musée de l’air, d’entreprendre la remise en état de cet avion. Il lui propose alors :
 - un apport de main d’œuvre extérieure, environ 8 000 heures de travail par de jeunes mécaniciens sortant d’école qui se perfectionneront à l’occasion de la restauration.
 -  l’intervention de l’association des amis du musée de l’air qui prendra à sa charge l’embauche et l’administration des personnels ci-dessus.
  - enfin l’association « Les Anciens de l’EB 2/92 », créée à cette occasion, appuiera l’opération et en suivra le déroulement.
      Arguments forts quand on connaît les besoins du musée de l’air face à l’ampleur des tâches à accomplir.
      La remise en état du 634 va se dérouler sur quatre ans avec dynamisme et enthousiasme de la part de toutes les parties prenantes.
      Le 3 avril 2002, 150 amis du Vautour se sont retrouvés autour d’un 634 en pleine santé après 23 000 h. de soins dont 30 % apportées par des anciens de l’EB 2/92.
Ce n’est pas la fin d’une belle histoire.


L’association « Les Anciens de l’EB 2/92 » poursuit maintenant sa route avec un nouvel objectif, la restauration d’un B 26 Invader. 
Tous ceux qui ont connu et aimé cet avion y seront les bienvenus.
Antoine DUMAS
Président association « Les Anciens de l’EB 2/92 »


UN ÉPISODE « TACTIQUE » DE FANTASIA 1974

     Ce 21 mai 1974, l’équipage du MIRAGE IV n°15, LUNARDELLI - BEZIAUD, a la délicate mission (B 7326) d’effectuer le tir CEN 22, point marron, sur le champ de tir de Cazaux. Cette mission est l’un des trois volets de l’exercice FANTASIA, coupe annuelle de bombardement. Le classement de l’escadron tient également compte du résultat des tirs de 3 SAMP2A (dites pot de yaourt) de jour et de nuit à Captieux ainsi que d’autres éléments non détaillés dans ce récit.
      Cet épisode commence par la prise d’alerte. Au coup de sifflet (pas bref du tout) du COFAS, tout le monde s’agite : l’équipage, les mécanos, la « bête » s’ébranle et gagne la piste d’envol. Le temps de décollage est respecté : V1, V2, les « godasses » rentrent et nous voilà partis, porteurs des espoirs du « Bourbonnais » qui deviendra « Guyenne » un peu plus tard.
      Premier ravitaillement, navigation basse altitude à 450Kts, confirmation de la mission par Taverny, deuxième ravitaillement puis descente pour l’approche basse altitude du champ de tir. Comparaison des éléments de vol par l’équipage pour une perte de temps avant d’arriver au point d’entrée du champ de tir et d’afficher 520 Kts au badin. Deux minutes avant le point d’entrée le Doppler se met en croix. Qu’à cela ne tienne, le vent est estimé du 300/10Kts est affiché en manuel. Un recalage radar est effectué, l’avion se présente pile dans l’axe de bombardement (l’ouverture de l’axe vers le sud n’était que de 1°). Le contact radio est établi avec le COTAL de Cazaux qui donne l’autorisation de se présenter. Le contrôle de la concordance des altimètres et de la sonde d’altitude est effectué une dernière foi ; la check-list bombardement est débutée.
      A 30 secondes du largage, Cazaux donne l’autorisation de tir, aussitôt branchée par le pilote. La check-list est bouclée. Instants décisifs : 3, 2, 1, top cabré, puis quelques secondes plus tard : top largage. Le lance top fait entendre sa musique, un coup d’œil rapide sur les éléments de vol à transmettre au COTAL en même temps que l’annonce du largage. Tout ceci, dans un instant bien plus court que le temps de l’écrire, avec 4,5g dans les fesses, un passage dos et un piqué avec un demi tonneau pour redresser la machine. Certains auraient entendu sur les ondes : « Lulu, c’est parti ! ».Le retour et l’atterrissage à Avord se font dans une certaine décontraction avec la satisfaction de la mission accomplie.
      L’équipage arrive au parking, les moteurs sont coupés. D’habitude la «mécanique», voyant le retour de l’avion bombe larguée exprime sa joie. Ce jour-là, ils avaient des « gueules d’enterrement ». Les sécurités siège en place, les mécanos nous disent qu'une fois les Formes remplies nous étions attendus, « fissa », aux OPS, sans autre précision. Aux OPS escadre, même scénario. Le Commandant d’unité nous attend et nous introduit immédiatement dans son bureau pour nous dire :
  - Le Général Saint-Cricq vous attend demain à 10h00 à Taverny en tenue n°1.
  - Mon Commandant, pourquoi, que s’est-il passé ?
  - Vous avez largué votre arme dans la nature, il y a eu mort d’homme. Allez faire votre compte-rendu de vol puis revenez 

      Visages décomposés des pilote et navigateur. Le compte-rendu de vol est effectué avec l’estomac noué. Puis au bout d’un « certain temps » grosse rigolade et félicitations des « Mirage IV », « C135 » et de l’OPO. Mission réussie et fort bien (médaille de bronze, la hauteur d’explosion nous ayant coûté la médaille d’or). Tout cela se termina par une grosse java le soir venu.
      Que s’était-il passé ? Explication.
Notre largage était le dernier de la journée, programmé pour 15h00TU (Je tiens à préciser que le top d’explosion a été respecté à 7 secondes près). Chaque escadron était identifié par la couleur de la pointe du CEN 22 qui lui était attribué. Un employé civil de la base de Cazaux était chargé de récupérer les pointes des CEN 22 à la fin de l’exercice. Sans doute pressé de finir sa journée, il a pénétré sur le champ de tir sans autorisation. Alors qu’il circulait dans la cible il a reçu sur le capot de son GMC notre CEN 22 au bout de son parachute. Bilan : un GMC détruit, un blessé léger évacué sur l’hôpital de Bordeaux avec des contusions multiples, heureusement sans gravité. Il a eu chaud : a deux mètres près, il ne s’en serait pas sorti !
      Voici maintenant l’explication des mots « épisode tactique » du titre.
Les « runs » de bombardement étaient suivis et contrôlés à Cazaux par deux organismes ou systèmes :
  § Un COTAL, système radar de précision qui permettait la restitution du tir ;
  § Un cinéthéodolite qui filmait le tir.
Notre regretté Raymond PARDAILLAN, alors navigateur moniteur Mirage IV au CIFAS, faisait partie de la commission d’arbitrage et se trouvait aux cotés du général Saint-Cricq lors de notre tir. Ayant suivi la séquence de largage au cinéthéodolite et vu le résultat de l’impact au sol, il a eu cette réparti bien digne de lui :
· Mon Général , votre Force Stratégique est devenue tactique.
Je n’ai jamais connu la réponse de notre chef d’alors !
L’escadron ayant été informé immédiatement du « résultat » de notre tir, il avait monté un « superbe bateau » bien dans la tradition aéronautique.
 

Jacques BEZIAUD


Ce récit est dédié par son auteur à tous nos camarades qui nous ont quittés dans l’accomplissement de leur mission.

Dimanche 22 Juin 2003 à 09 H 45
MESSE DE L’AÉRONAUTIQUE ET DE L'ESPACE
45° Salon du Bourget


La traditionnelle Messe de l’Aéronautique et de l'Espace à l'intention de tous les membres de la famille aéronautique et spatiale et de toutes les victimes des accidents aériens et spatiaux sera célébrée dans la Grande Galerie du Musée de l’Air et de l'Espace, à l’occasion du 45° Salon du Bourget.(Accès par la grande esplanade de l'ancien aérogare). Cette cérémonie sera radiodiffusée par Radio France sur France Culture.

Association Notre Dame des Ailes- 351, rue Lecourbe- 75015 Paris.


La journée traditionnelle des anciens du Bretagne se déroulera le samedi 19 juillet sur les bords du lac de Cazaux.

Contact : Bernard SETIAUX – 172, r. des Prés de la Gourgue 40460-SANGUINET tél : 05.58.82.18.65