N°23 - Mars 2003
L’équipe de rédaction : C.Auzépy-Thor
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Le mot du
Président des anciens du Groupe Lourd |
Il faut dire que les expériences françaises avaient déçu un Commandement peu enclin à jouer la guerre aérienne. A Cazaux, le général Tétu, appliquant les principes de l’Artillerie, avait déterminé l’ « écart probable » correspondant à différents types de bombardement et en avait sorti des « tables de tir » qui donnaient des effectifs aériens jugés exorbitant vis à vis du résultat. De quoi affoler les responsables et les comptables du Budget de l’Air. Et pourtant, quand on a demandé aux responsables de la RAF, comment ils avaient fait pour déterminer les effectifs des missions de bombardement, ils ont répondu : « mais nous avons appliqué les tables de tir du général Tétu ». Encore fallait-il organiser ces armadas de 400 – 800 – 1000 avions. La première des priorités était la précision de la navigation. Elle a été résolue par l’utilisation de la boite « Gee ». Les « streams » sont devenus denses, à l’heure à la minute près, et navigant sur des itinéraires en zig-zag pour leurrer l’ennemi. Il fallait ensuite trouver des objectifs « payants » : aérodromes, usines d’armement, nœuds de communication, ouvrages d’art, tout cela était évident mais on s’est vite aperçu que le point faible de l’Allemagne était son ravitaillement en essence et en particulier les usines de production d’essence synthétique. Car comment vivre sans essence ? Dans ces conditions, le bombardement stratégique ne pouvait que gagner la guerre. Général BOE
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" GISELLA
" La nuit du 3 Mars 1945 « les Intruders de nuit sur les Iles britanniques »
La fin de la guerre semblait proche, les alliés étaient en Hollande sur les bords du Rhin et aux frontières de la Prusse et de la Silésie. Cependant les défenses anti-aériennes du Reich étaient toujours aussi puissantes ; l’efficacité de la D C A ne semblait pas entamée et la chasse de nuit équipée du remarquable JU 88 G se montrait toujours agressive et redoutable. Elle n’était pas seulement menaçante dans le ciel allemand et l’on pouvait très bien la rencontrer au-dessus de l’Angleterre. Dès la fin de 1940 la Luftwaffe avait lancé quelques opérations de chasse de nuit sur la Grande Bretagne. Les « intruders » (pour « intrus ») devaient se mêler au flot des bombardiers partant en mission ou en revenant et agir lorsque ceux-ci décollaient ou se préparaient à atterrir avec leurs feux et les balisages de pistes étaient allumés ce qui en faisait des cibles idéales. |
la côte anglaise entre le SUSSEX et le YORKSHIRE. L’opération GISELLA était engagée. Laissons maintenant la parole à un des acteurs du drame qui allait suivre, le bombardier co-pilote d’un Halifax du Squadron 347 qui fut abattu tout près du terrain d’Elvington : « Au passage de la côte Anglaise les bombardiers devaient allumer leurs feux de position, mesure indispensable pour éviter les collisions, tant était grand l’enchevêtrement des avions regagnant leur terrain,, c’était aussi offrir de superbes cibles aux éventuels « intruders ». A peine ces feux allumés apparurent dans la nuit - par hasard sans nuages - des traînées lumineuses rouges et vertes qui ressemblaient fort à des traçantes, elles furent suivies rapidement de boules de feux insolites ! C’est alors que nous subissons la première attaque détectée aussitôt par le mitrailleur arrière qui commande la manœuvre évasive. La maîtrise du pilote dans les actions de dégagement nous évita les balles du chasseur allemand qui venait de tirer. Sur les ondes du contrôle d’aérodrome nous entendons le message «bandit » mot code annonçant la présence de l’ennemi dans notre ciel et simultanément les appels « may day, may day » des équipages en détresse. Nous avions pris le cap pour Elvington conformément aux consignes en pareil cas, et nous sommes l’objet de deux nouvelles attaques quand nous arrivions à la verticale du terrain. La tour nous préviens aussitôt de la présence d’un chasseur allemand en tour de piste et éteint le balisage, elle nous demande de nous éloigner au plus vite en prenant de l’altitude , c’est ce qui nous sauva…. Quelques secondes après dans un fracas terrifiant l’avion fut secoué par un choc d’un violence extrême et partit en embardée sur la gauche comme soulevé par une force irrésistible tandis que nous étions aveuglé par une lumière intense. Nous venions de subir un attaque par-dessous, impossible à détecter, les deux moteurs droits et le plan droit étaient en feu, l’avion était touché à mort. Maintenu désespérément en ligne de vol par le pilote pour permettre à l’équipage d’évacuer, le Halifax vola environ 30 secondes, six membres purent sauter mais il partit en piqué entraînant dans la mort le Pilote resté à son poste pour sauver son équipage. Cette nuit là, 36 quadrimoteurs furent abattus sur l’Angleterre, dont 3 des Groupes Lourds. Les Allemands perdirent 34 avions pour des raisons diverses, crash, panne de carburant…. Ce fut le chant du cygne pour la Luftwaffe. Roger MICHELON
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