et opérationnel susceptibles d’être transposés par la suite à l’utilisation des Mirage IV, notamment aux procédures de ravitaillement en vol.
Nous embarquâmes à la mi-mai pour rejoindre Fort-Worth ( Texas ), à une soixantaine de miles plein ouest de Dallas, via New-York et après une brève escale à Washington, pour y rencontrer l’adjoint de l’attaché militaire et de défense près l’ambassadeur de France.
Arrivés à destination un dimanche après-midi dans cette agglomération très étendue de 500 000 habitants, nous avons tout de suite compris que la première urgence était l’acquisition d’une voiture pour nous déplacer, d’autant qu’il n’était pas convenu que nous logions sur la base aérienne.
Moins d’une demi-heure après avoir pénétré chez le premier vendeur de « USED CARS » venu, nous en sommes ressortis au volant d’une grosse voiture à boite de vitesse automatique, délestés de 400$. Le lendemain, il ne nous fallut guère plus de temps pour nous loger dans un trois pièces meublé tout à fait convenable où, totalement immergés dans la population texane, nous fîmes la découverte de l’Américan Way of life avec ses drugstores, ses snacks, ses coffee shops et autres dry cleaning ouverts 24h/24h.
La base aérienne de Carswell jouxte Fort-Worth, en bordure d’un grand lac tout proche de l’extrémité de piste. A l’époque, elle accueillait deux escadres du Strategic Air Command ( SAC ), l’une de B 52H, l’autre de B 58, représentant au total 80 appareils environ. Les B 58 stationnaient sous des toits en V inversés recouverts d’ardoises et reposant sur des piliers en bois qui donnaient au Tarmac l’aspect d’un alignement de chalets. Cette protection apportant une certaine efficacité contre les rayons du soleil, implacable au Texas en été, mais en aucune façon contre une agression aérienne quelconque. B 58 et B 52 étaient regroupés dans « la restricted area ».
Dans la zone vie, très vaste, des emplacements prioritaires étaient réservés aux voitures bleues à gyrophare des équipages d’alerte ( vraisemblablement à 15 minutes ) : devant le mess, la poste, la chapelle, le dry cleaning, les banques, etc….De l’autre coté de la piste s’étalait, et s’étale sans doute encore aujourd’hui, sur 3 kms de longueur, l’usine de General Dynamic où étaient montés et réceptionnés les B58.
Le Convair B 58A Hustler, qui fut le premier bombardier supersonique, est entré en service opérationnel en 1961. 116 appareils ont été construits dont deux prototypes et 28 de présérie qui seront reconvertis en « trainer » à double commande pour 9 d’entre eux et en B 58A de série pour le reste.
C’est un quadriréacteur à taille de guèpe très prononcée et à aile delta dont la structure ( ailes et fuselage ) en nid d’abeilles mêlant aluminium et fibre de verre, pour un meilleur confort thermique, ne résiste pas à la pression d’un talon aiguille ( il est limité à 115°C de température de peau et à 2,5g ). Il pèse 73 tonnes à pleine charge pour une longueur de 29 mètres, une envergure de 17 mètres et une hauteur de 9 mètres. Chaque réacteur GE J 79 délivre 6,8 tonnes de poussée avec post-combustion. Il couvre plus de 4400 miles sans ravitaillement et atteint un plafond de 65 000 pieds, le tout pour 12 440 000 de $. Sous le fuselage, un pod
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proéminent à deux compartiments peut emporter 4 armes nucléaires MK 43.
Le B 58 est servi par un équipage à trois disposé en tandem : un pilote, un navigateur et un ingénieur contre-mesures électroniques.
Le système de navigation repose sur le couplage Doppler-centrale à inertie et le radio altimètre. Les contre-mesures utilisent des moyens de brouillage et de déception et aussi des leurres ( chaffs ) auxquels s’ajoute un canon à barillet de 20 mm situé dans une tourelle arrière.
Parmi les équipements qui ont retenu notre attention : un poste HF de 5 000 km de portée très compact, l’apparition d’un plot sur le radar de bord permettant la localisation et l’identification de l’avion ravitailleur ( ces deux équipements seront montés en rattrapage sur le Mirage IV ), une check-list défilant sur écran et relayée par les écouteurs en cas d’incident et les trois capsules éjectables.
En cas d’éjection, chaque membre d’équipage se retrouve claustré derrière un rideau métallique articulé en trois panneaux, dont un avec vue sur l’extérieur, dans un ensemble doté d’une pressurisation et d’une source d’oxygène autonome. Ensuite le parachute se déploie et en cas d’amerrissage, la capsule flotte et dispose même de stabilisateurs. Ce mode d’éjection a été conçu pour augmenter les chances de survie des équipages en cas d’abandon de l’appareil a très haute altitude et en haut supersonique. Il me fut raconté qu’un pilote qui chaussait grand eut les orteils de ses deux pieds sectionnés par l’abaissement brutal du rideau de sa capsule au moment de son éjection. Magnanime, le SAC l’a reclassé, malgré son handicap, comme ingénieur contre-mesures au sein de son escadron.
Notre stage d’information était en réalité un stage de transformation pour équipages affectés en unités de B 58 et auxquels nous étions raccrochés. Il se partageait en cours au sol d’une durée de deux mois, de nombreuses séances au simulateur et de vols d’accoutumance et d’entraînement. Seule la première partie, qui se déroulait en zone vie, nous concernait.
………….Suite au N° 18……..
Général Yvon LE COZ
Voir aussi le site: http://216.219.216.110/convair/b58.html
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